(Où) suis-je?

Julien CHAPSAL


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Ce travail a été réalisé entre 2007 et 2010 dans le cadre du projet collectif «France14», pour lequel 14 photographes français ont proposé chacun sa libre vision du pays. J’avais choisi de ne pas traiter de sujet. Errer, me perdre en France, pour, éventuellement, me retrouver. D’un déplacement l’autre, quelques jours à chaque fois, je suis finalement retourné aux mêmes sites : ces zones en friche, pavillonnaires et commerciales, en périphérie des villes. Y travailler s’est imposé, en réaction, sans doute, à ce que j’ai partout constaté : l’étalement urbain, symptomatique d’une société individualiste, consumériste et sécuritaire. Des espaces de vie standardisés, où tout se ressemble, où rien ne permet de s’identifier, sinon aux enseignes, signaux, et obstacles mis en place, à profusion, jusqu’au malaise. Et dans cet environnement, souvent sans issue, s’est posée la question plus aiguë, plus vive, de l’existence. Il fallait l’aborder de manière absolue. Ne rien décrire, et même gommer, dès la prise de vue, tout repère. Tenter de représenter l’essentiel. Et, quel que soit le site traversé, le sujet photographié, faire sourdre, sous chaque image, l’étrangeté. …

 


A work produced as part of the collective project “France14”, in which each of the 14 participating photographers proposed his own vision of the country. I decided not to choose a subject, but instead to simply wander, to get lost in France and then find myself again. One place to the next, I found I kept returning to the same sites: these residential or commercial areas on the outskirts of town. It became obvious that this was where I needed to work, partly in reaction, no doubt, to what I could see everywhere: urban sprawl, the symptoms of an individualistic, consumerist and surveillance-obsessed society. Living areas were standardised and conditioned; everything looked the same and nothing served as a point of orientation; nothing, that is, except for the signs, signals and obstacles placed everywhere to the point of saturation. And in this often dead-end environment, the question of existence became sharper and more pointed. It commanded one’s attention. Describe nothing – erase all reference points – from the moment of the shot. Attempt to represent the essential. And, no matter which site, no matter which subject, elicit from each image its underlying strangeness.

Country : France

Number of photos : 50