Vitrines de la prostitution

Anthony BERTHAUD


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Des néons. Des néons dans les vitrines. Le quartier de la Gare du Nord à Bruxelles, cinq ou six rues. Deux rues à Liège. Une a Seraing. Des femmes assises dans les vitrines. Elles font des mots croisés, elles lisent des magazines, des romans, elles regardent la télévision : elles attendent le client. Je ne suis pas client mais je rentre quand même. J’ai l’étrange sentiment de pénétrer dans les coulisses d’une théâtre, de visiter la scène avant l’entrée des acteurs ; le drame va se jouer mais je suis encore là, qui respire le souvenir de la dernière représentation. Elle est là dans sa vitrine, le travail continue, nous discutons. Je fais des photos. Elle me demande si tout va bien, s’il me faut quelque chose. Elle me parle de son métier ; elle dit faire le métier. Elle est fière de pouvoir dire cela. Elle me parle des tracas avec l’administration qui d’un côté veut interdire, fermer les carrées et de l’autre veut taxer encore et encore. Elle me parle de son combat pour une reconnaissance sociale : « je remplie toutes mes déclarations d’impôt en mentionnant comme profession Prostitué. Ils les refusent, à chaque fois ». Elle me parle des autres filles, me raconte certains clients. Je me dépêche, il est l’heure, sa journée est finie. Retour à sa vie de famille, sa vie hors du travail ; sa vie. Neon lights in windows.  Around the Gare du Nord in Brussels, on five or six streets.  On two streets in Liège.  One in Seraing.  Women sit in the windows doing crosswords, reading books or magazines, or watching television whilst waiting for a client.  I’m no client but I go there anyway.  I have the strange feeling of being backstage at the theatre, being on stage before the actors arrive. A woman is there in the window, her work continues, we chat.  I take photos.  She asks me if everything is alright, if I need anything.  She talks about her job, proud to be able to call it that.  She speaks of administration problems, of those who want to ban it and those who want to increase tax.  She speaks of her fight for social recognition “In all my tax declarations I fill in my profession as Prostitute.  They never accept it.”  She tells me about other girls and certain clients.  I leave as her day ends.  She returns home to her family and her real life. 

 

Country : Belgique
Place : Bruxelles

Number of photos : 25