Philip POUPIN
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L’histoire prend place à l’Est de l’Equateur en forêt amazonienne. Pendant trois mois, j’ai suivi des trafiquants de bois en Amazonie équatorienne pour donner à voir un visage de la déforestation, pour tenter d’aller au-delà des statistiques alarmantes du type ”toutes les 11 secondes, l’équivalent d’un terrain de football disparaît en Amazonie”. En Equateur, près de 200 000 hectares de forêt disparaissent chaque année (chiffre officiel annoncé en début 2007 par le président Correa lorsqu’il a interdit l’exploitation du cèdre rouge et de l’Ahuano). Le bruit le plus commun dans cette partie de l’Amazonie n’est pas le chant des oiseaux, mais le ronflement des tronçonneuses. L’espèce la plus noble que les contrebandiers recherchent est le cèdre rouge (Cedrela odorata), un bois destiné à l’exportation vers les pays Occidentaux. Une journaliste française affirme dans un récent ouvrage que 50% du bois tropical vendu en France vient de coupes illégales. Par coupe illégale, on entend un abattage sans plan de gestion tentant de préserver ce trésor vert. La loi équatorienne oblige pourtant les travailleurs du bois à ”tomber” selon des règles (espèces, taille de l’arbre, découpe…). Bien souvent, la corruption fait loi, permettant ainsi d’exploiter des espèces quasiment disparues du massif amazonien comme le cèdre rouge ou l’Ahuano, un acajou -le bois le plus cher du monde- aussi connu sous le nom de Mahogany. Les contrebandiers s’organisent seuls ou en petits groupes. Ils partent plusieurs semaines en forêt et afin d’obtenir les plus beaux arbres, ils n’hésitent pas à rentrer dans les Parcs Nationaux comme celui du Yasuni – espace que des chercheurs américains ont décrit comme possédant la plus grande biodiversité au monde. L’Amazonie équatorienne abrite encore plusieurs tribus ”non-contactées”, en isolement volontaire, c’est-à-dire qu’ils n’ont jamais eu de contact avec le monde extérieur. Leur rencontre avec les ”Madereros” (travailleurs du bois, de madera, ”bois” en espagnol) est toujours violente. Chaque année, un de ces hommes s’improvisant bûcherons est blessé ou tué par la lance d’un Indigène qui voit d’un mauvais œil son espace vital se réduire. Les contrebandiers se sont vengés à plusieurs reprises jusqu’à organiser des tueries de ces nomades appelés ”non-civilisés”. Les Indigènes Kichwa – des habitants de la région, quant à eux contactés par l’Homme blanc depuis plus d’un siècle – participent au trafic. Les quelques centaines de dollars ainsi gagnés servent à payer les fournitures scolaires des enfants ou quelques médicaments. Ne connaissant pas les prix du marché et souvent endettés, les Kichwas vendent leur bois à des prix invraisemblables : 2 à 3 dollars la pièce. Il se tient chaque semaine de petits marchés du bois de contrebande. Là où la route rejoint la rivière, deux mondes font affaire. Ces paysans habitent des communautés le long des rivières et trouvent les arbres à abattre à quelques kilomètres à l’intérieur de la forêt (quatre heures de marche maximum). La qualité du bois y est moins élevée que dans le Parc National du Yasuni, les réserves s’épuisant. Les espèces les plus chères n’y existent plus. Les arbres taillés sont de plus en plus petits. A la frontière entre le Pérou et l’Equateur, à bord d’un ferry, j’ai pu assister au chargement d’une grande quantité de cèdre rouge que le capitaine cachait lui-même dans la cale. Une fois arrivé dans une grande ville, le bois est poncé pour gommer les ”coups” qu’il a reçu pendant ce transport hasardeux. Il y a un grand gaspillage dans l’exploitation forestière. Rationaliser la filière limiterait ce gaspillage et donc l’abattage massif de bois. Une équipe d’ingénieurs forestiers ont établi que seul 30 à 40% d’un arbre est réellement utilisé. _ The story takes place in the east of Ecuadorin the amazonian forest. For three months i followed some illegal woodloggers in the amazonian forest, to be able to look at one face of deforestation,to try to go beyond the alarming statistics such as: ”every eleven seconds, the surface of a football ground disppear in Amazonia”. In Ecuador, nearly 200 thousands Ha disappear each year (according to official figures announced by President Correa at the beginning of 2007, when he prohibited the exploitation of the Spanish Cedar and Ahuano wood). The most frequent noise in this part of Amazonia is not the chirps of birds but the purring of chainsaws. The most valuable species that the illegal woodloggers are looking for is the spanish Cedar (Cedrela odorata), a wood used for exportation to the western countries..A french journalist claims in a recent book that 50 per cent of the tropical wood sold in France come from illegal woodcutting. By illegal cutting it means felling trees without forest regulation plans trying to preserve this green treasure. The ecuadorian law nevertheless makes compulsory for woodloggers to ”cut down” according to rules (species, size of the tree, cut). Quite often, bribery lays down the law, allowing so to exploit endangered species which have become practically extincted in the Amazinian forest, such as the Spanish cedar or the Ahuano, the most expensive wood in the world, also known as Mahogany.The illegal woodloggers get organized by themselves or in small groups. They set off for several weeks in the forest and in order to get the most beautiful trees, they don’t hesitate at trepassing on National Parks such as Yasuni, an area described by american researchers as containing the largest biodiversity in the world..Ecuadorian Amazonia still shelters several ”non contacted tribes”, keeping themselves out of touch that is they never had any contact with the outside world . Their encounter with the ”madereros” (woodworker in spanish, ”madera” means wood,) is always violent, a clash. This year one of those men acting as woodcutters was injured or killed by the spear of a native who looked unfavourably his personal space reduced. The smugglers took their revenge several times by organizing slaughters of these nomadic people called ”uncivilized”. The Kichwa natives, inhabitants of this area, in touch with « white men » for more than a century also take parts in the illegal business. The few dollars earned in that way are used to pay school stationary of their children or a few medicines. Not knowing the market price and most of the time being in debts, the Kichwas sell their wood at unbelievable low prices: from 2 to 3 dollars each piece. Each week take place small illegal wood markets. Where the road meets up with the river, two worlds are doing business. Those small farmers live in communities along the river and find trees to cut a few kilometers inside the forest (4 kilometers walk at most) The quantity of wood is less than in the National park of Yasuni,the supplies are running out.The most expensive species no longer exist there. The cut trees are getting smaller and smaller. On the boarder between Peru and Ecuador, on a ferryboat, I could watch the loading of a big quantity of Red Cedar that the captain himself has hidden in the hold of the boat. Once reached a big town, the wood is sanded down to smooth out the ”knocks” it received during this dangerous transport. There is a big waste in the forest exploitation. To work wiser the network would be to curb this waste and doing so, stopping the cutting of too much wood. A team of forest engineers have established that that only 30 to 40 per cent of a tree cut is actually used. Philip Poupin