Un an à Paris

Martin BARZILAI


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J’ai grandi à Paris, dans le 10e arrondissement, là où ont eu lieu les attentats. Mais je n’y habitais plus depuis huit ans quand je suis revenu m’y installer en septembre 2015. Je redécouvre le quotidien de la capitale, tout en étant le témoin de moments qui semblent marquer son histoire. Le soir du 13 novembre, les attentats font 130 victimes. Le choc va au de là des déclarations des politiciens. Dès le lendemain, spontanément, les parisiens se regroupent autour des lieux attaqués. L’Etat d’urgence est déclaré, les manifestations, les concerts sont interdits. La vie continue mais une chape de plomb semble vouloir recouvrir la ville. Dans le même temps, sur les réseaux sociaux, sur les murs, on lit « on est en terrasse » ou « Même pas peur ». Malgré les interdictions, les parisiens se retrouvent à République. Les bars ; les parcs, les lieux publics ne désemplissent pas. Un besoin de se retrouver semble irrépressible. Dans mon quartier, le canal Saint Martin est vidé pour nettoyage, le paysage surprend. L’eau manque. À la fin de l’hiver, les syndicats mais aussi les plus jeunes descendent dans la rue contre la loi travail. Une vidéo diffusée massivement où l’on voit un lycéen se faire frapper par plusieurs policiers va rapidement radicaliser une partie du mouvement. Tous les soirs pendant plusieurs mois qu’il vente ou qu’il pleuve, plusieurs milliers de personnes se retrouvent à nouveau place de la République. Mais cette fois, on y danse. C’est le rendez-vous quotidien pour les assemblées, les discussions, les manifestations « sauvages ». Le slogan « Même pas peur» s’est métamorphosé en « Nuit Debout ». Le mouvement social surprend par son ampleur d’abord puis par son endurance. Les manifestations s’enchainent et les blessés graves, victimes des projectiles policiers se multiplient. Les parisiens qui jusqu’en novembre semblaient manifester une certaine empathie envers les forces de l’ordre, se détournent de leurs « protecteurs » et le 1er mai ce sont plusieurs milliers de personnes qui scandent « tout le monde déteste la police » en arrivant place de la Nation. Mais le gouvernement ne cède pas et maintient sa loi. L’été arrive, la ville retourne à ses occupations habituelles, même si cette année les touristes ont déserté en partie Paris : un million de moins par rapport à l’année dernière.

 

Country : France
Place : Paris

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