Christian CARRERE
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He doesn’t move. Under the endless sky and the sun that silences him. The blades in his back will split his stomach, his heart and maybe his soul. He doesn’t move. He could but his body is silent. As always, he practices. He doesn’t move when it rains or when it is cold. Or when fire burns his fingers and toes. Or when a needle punctures his skin. Instead he savours the victory, occupies a space and puts himself in the hands of planet earth. As the moon which hangs down from the empty sky like a pendulum. Counting time and knowing to stop it. He who puts his life to the side so that he can shape it. Here is what he wants to be, what he is and what he will be. Or therefore nothing. Like the rest of us.
Il ne tremble pas. Le sol est un silence vert qui s’étire et l’arbre, derrière, tend son tronc vers le reste du ciel. Il ne tremble pas parce que le sol se tait et le ciel est vide et les seuls mots qui sortent de la bouche des hommes sont utiles. Les mots utiles, ça le rassure. Ca lui donne la certitude d’avoir les pieds plantés. Sur ce sol qui se tait et ce ciel qui se vide. Et les ailes qu’il a dans le dos vont lui déchirer le ventre et le cœur et peut-être l’âme. S’il en a une, puisque le ciel n’est rien et le sol s’éloigne … Il ne tremble pas. Il pourrait mais son corps est silencieux et ce n’est pas étonnant. Depuis toujours, il s’entraîne. Ne pas trembler quand la pluie tombe, froide, sur son visage nu. Ne pas trembler quand le feu brûle ses phalanges. Ne pas trembler quand l’aiguille trace son sillon et plante et pique. Ne pas trembler ni de peur, de froid, ni de mal. Juste savourer la victoire. Occuper l’espace et soumettre la terre à ses morcellements. Etre la lune qui pendouille dans le vide comme le balancier d’une horloge. Compter le temps et savoir l’arrêter. Descendre parfois pour savourer le fait d’être si haut. Décider, contrôler, maîtriser. Avoir ce pouvoir. Etre celui qui pose sa vie à côté pour pouvoir la modeler. Voilà ce qu’il veut être et ce qu’il est et ce qu’il sera. Ou alors rien. Un tas de chair qui s’envoie en l’air. Comme nous autres.
