Quick money

Elisabeth COSIMI


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Une route de campagne dévastée aux abords de Naples. Eté comme hiver, quatorze heures par jour, à l’ombre d’un parapluie ou les mains suspendues au dessus d’un vieux bidon de peinture servant de brasero, une quarantaine de filles occupent dès huit heures du matin leur poste de travail. A chaque croisement, entre une décharge sauvage et un champ cultivé, elles exhibent et vendent leur corps d’ébène pour une somme allant de dix à vingt-cinq euros. Ces visages et ces corps qui n’ont plus d’identité sont pour la plupart originaires de Lagos ou de Benin City, au Nigeria. Ici, elles s’appelleront toutes Gioa, Beauty, Valentina, Sofia ou Pamela. Celles qui viennent d’arriver se retrouvent sous la coupe d’anciennes prostituées parvenues au rang de « Madame », mères maquerelles qui leur trouvent un morceau de trottoir dont le loyer est redevable à la Camorra, la mafia locale. On a fait miroiter aux unes la promesse d’un poste de serveuse ou de danseuse. Les autres savent qu’elles seront prostituées. Mais toutes sont prises au piège. Une fois arrivées à destination, ces Nigérianes – estimées à 20 000 en Italie – entrent dans une routine infernale où le moindre détail de leur vie est géré par les organisateurs de ce trafic.

 


 A road somewhere near Naples. During winter and summer, for 14 hours a day, around 40 girls occupy the same work post from 8 in the morning.  At each crossing point, they sell their ebony bodies for a sum between ten and twenty-five Euros.  The girls are for the most part from Lagos or Benin City, in Nigeria.  Here they lose their individuality; all be called Gioa, Beauty, Valentina, Sofia or Pamela.  Those new to the job find themselves under the supervision of old prostitutes who find them a piece of pavement of which the rent is owed to the Camorra, the local mafia.  Some girls maintain the prospect of a job as a waitress or dancer.  Others know that they will be prostitutes.  They are all caught in a trap.  Once they arrive at their destination, these Nigerians – estimated to be 20 000 in Italy – begin an infernal routine where even the smallest detail of their lives is governed by the organisers of this traffic.

Country : Italie

Number of photos : 20