Vincent PRADO
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Rolpa, fief des rebelles maoïstes, des milliers de paysans, hommes, femmes et enfants, vêtus de haillons, la plupart pieds nus, attaquent la roche à coups de pioches et barres à mine. Les regards sont durs, les corps maigres et fatigués. L’horreur des Grands Travaux communistes de l’ex Union Soviétique, usant massivement du travail forcé, se répèterait-elle au Népal ? Hier Lénine et son successeur Staline trouvaient une main d’œuvre gratuite et abondante chez les quelques 15 millions de prisonniers de l’Ex-URSS, aujourd’hui c’est Prachanda, le chef suprême de l’insurrection maoïste népalaise, qui semble vouloir imiter ses aînés. Prasanta, ministre maoïste au conseil central du peuple, est le coordinateur de ce premier « Grand Chantier » révolutionnaire, la construction d’une route de 100 kilomètres au cœur des deux régions historiques contrôlées par les rebelles, Rolpa et Rukum. « Nous avons déjà mobilisé 10 000 villageois depuis le début des travaux en décembre dernier, et nous aurons besoin d’un million de personnes la première année », annonce fièrement Prasanta. Comme chez les deux ex leaders soviétiques, parmi les travailleurs, le ministre, toutefois légèrement embarrassé, avoue lui aussi utiliser des prisonniers. En fait surtout des hommes et des femmes ayant enfreint les règles imposées par les rebelles. Comme consommer de l’alcool ou encore avoir des relations sexuelles avant le mariage, c’est-à-dire 20 ans pour les femmes et 22 ans pour les hommes…