La précarité : trop peu de moyens face au phénomène exponentiel de la pauvreté
Marianne GRIMONT
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Durant l’été, le conseil communal de la ville de Namur a voté un règlement anti-mendicité. Le bourgmestre a décrété l’interdiction de mendier dans les rues de la ville de Namur (capitale de la Wallonie) pendant 3 mois. Cela fait tache pour les touristes …
Les mendiants et les sdf se sont opposés à l’application de ce règlement. A plusieurs reprises, ils ont rencontré les autorités afin de leur expliquer que la mendicité pour certains était leur seul moyen de subsister.
Suite à plusieurs mobilisations pacifistes et de multiples rencontres avec les autorités compétentes, le bourgmestre est resté sur ses positions.
Un collectif « Mendiants d’Humanité » s’est alors créé en regroupant mendiants, sdf (sans domicile fixe) et bénévoles. Cela m’a interpellé et j’ai alors décidé de les suivre dans leur combat quotidien.
Certains sdf ont continué à mendier. Le collectif de sdf s’est regroupé en squattant un immeuble. Il s’agit du squat Léopold (square Léopold). Ils s’y sont installés et ont tenté de créer une « vie sociale ». Certains sont devenus responsables de tâches telles que, préparer le repas du soir, assurer la propreté des lieux, aller faire les poubelles des grandes surfaces … Des bénévoles leur apportaient tantôt un peu de nourriture, tantôt des vêtements.
Ce bâtiment appartenant à un privé n’a été occupé que quelques semaines, ils en ont été priés de « déguerpir » (ce sont les termes exacts)
Ils n’ont pas eu d’autre choix que de vider les lieux et d’assister à la fermeture de toutes les entrées du lieu.
Le soir même, ils se sont présentés en nombre (plus d’une soixantaine) à l’abri de nuit qui ne peut « offrir » que 33 places. Ce « passage » à l’abri de nuit était symbolique, pour faire comprendre aux autorités la problématique existante.
Je me suis laissé dire qu’il y aurait près de 200 sdf dans notre ville.
Ils avaient prévu un plan B ; quelques jours auparavant, ils avaient ouvert un nouveau squat, le squat dit « des Archives ». Ce bâtiment appartenant à l’état (vide depuis plus de 5 ans), le bourgmestre ne pouvait en principe les en déloger.
Le plan hiver a été décrété et ils ont pu y demeurer.
Ils y vivent de manière très précaire, dans l’humidité et le froid, sans électricité ni chauffage.
De photographe documentaire, je suis devenue bénévole à mon tour en allant leur rendre visite, échanger avec eux, leur apporter du bois et deux fois par semaine, les invendus d’un supermarché. Nous sommes 5 à 6 bénévoles à leur apporter un peu de notre temps, un peu de réconfort, une écoute, du bois et de la nourriture.
Ils « survivent ».
Marianne Grimont