Les usines de textile au Laos : l'esclavage de 25 000 jeunes filles

Samuel TURPIN


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En République Démocratique Populaire du Laos, près de vingt cinq mille filles travaillent dans les usines de textile dans des conditions d’esclavage moderne. Le pays compte 79 usines dont 48 implantées dans la seule ville de Vientiane, la capitale. Quinze à seize heures de labeur quotidien ; des cadences surréalistes imposées par la direction ; des salles qui ne répondent à aucune norme minimale d’hygiène et de sécurité, des dortoirs surpeuplés, étouffants ; une surveillance carcérale jusque dans les sanitaires ; des proxénètes qui viennent faire leur choix autour des usines, une moyenne d’âge qui ne doit pas excéder 15 ans. Et un salaire mensuel de vingt dollars. Les « employées » sont en grande majorité recrutées dans les milieux ruraux. Moyennant une compensation, une « ouvrière » revient dans son village natal pour vanter les mérites de sa nouvelle vie et sert d’intermédiaire pour la transaction avec les parents et le chef de village. Abus de confiance… et complicité des autorités locales. Le département des entreprises de textile rattaché au ministère des entreprises et de l’artisanat propose d’aménager le code du travail en vigueur. Il lui paraît « discriminatoire » que les ouvriers ne puissent pas comptabiliser plus de trente heures supplémentaires par mois ; que les mineurs agés de 15 à 18 ans ne puissent pas travailler plus de six heures par jour, sans être exposés aux produits toxiques et aux travaux lourds ; que les femmes ne puissent pas travailler de 22h à 5h du matin. Des dispositions inégales , selon le ministère de tutelle, qui freinent le développement du Laos et empêchent la femme d’être l’égale de l’homme, et qui empêchent les enfants de subvenir aux besoins de la famille. » Mépris des conventions internationales…et course aux investisseurs. 864 000 articles produits en 1990. 20 460 000 cinq ans plus tard. La production n’a pas été touchée par le crack asiatique de 1997. Le Laos fait parti des quarante-neuf pays en voie de développement qui peut tirer profit de la loi IBA votée en 1994. Les Etats-Unis et la Communauté Européenne, à l’origine de la loi, ne les soumettent à aucun quota d’importation Une mesure destinée à « favoriser leur émergence »… Et à placer des investisseurs pour s’assurer des monopoles, faire baisser des couts de production, augmenter leur marge, et au final contourner les mesures de quotas. Quarante usines existent par des investisseurs étrangers : américains, français, italiens, allemands, chinois, thaïlandais. Les grandes marques s’affichent . Nike, Adidas, Umbro, Décathlon. Et il n’existe toujours pas de label «produit fabriqué dans des conditions répondant aux conventions internationales » pour le consommateur en bout de chaine.

 


Country : Laos
Place : Vientiane

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