Depuis le Sentier Lumineux et la migration déferlante des populations vers les grandes villes, les travailleurs informels ont envahies les rues de Lima au Pérou. Ils sont là, investissent le moindre espace, haranguent la foule ou attendent le prochain client. Ils ont d’abord construit leurs logements aux abords de la mégalopole, puis, à la recherche de moyens de subsistance ont inventé de nouveaux emploies afin de survivre. La diversité de ces petits « jobs » est étourdissante, les péruviens redoublants d’ingéniosité et proposant toute sorte de services : alchimistes d’infusions qui guérissent maux de tête, d’estomac ou fatigue, jus de fruit à qui mieux mieux, échangeurs de devises, vendeurs de cigarettes, de bonbons, de stylos à l’unité, arnaqueurs à la tombola, recycleurs de bouteilles, journaux et piles usagées, loueurs de parasol sur les plages, cireur de chaussure, prêteurs de pèse personne ou preneurs de tension artérielle, vendeurs de journaux, de caramels, de boissons gazeuses, femmes glacier, loueurs de cellulaires, écrivains à la machine, nettoyeurs de pare-brise, gardiens de voiture, cobradors hélant passagers sur route et criants les arrêts en continu sans discontinuité. Devenus poumon économique du pays, ce fléau est aussi un garde fou social pour la majorité des Péruviens. Sans protection sociale, vacance ou sécurité de l’emploie, le travailleur des rues n’est soumis à aucune législation du travail. Il n’empêche que la municipalité de Lima s’est accommodée de la situation et loue par tour du soir ou du matin les espaces publics et les riverains fond de même avec leur bout de trottoir devant leur porte. Sans oublier les banques qui n’ont pas échappé à ce secteur en plein développement et propose toute une gamme de crédits à la mesure de chacun. De ces petites mains et ces regards dans l’attente ne s’en dégage pas moins un accent de fierté. Aussi parce qu’ils sont là, avec cran, endurance et témérité, et sans en avoir le choix.