La ligne Jaune

Amelie BENOIST


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Delhi fête cette année ses 100 ans d’existence, et ce qui ressort de cette capitale est l’hétérogénéité de ses 18 millions d’habitants qui sont restés principalement ghettoïsés. Le métro de Delhi brasse un vrai melting-pot de population aussi bien du point de vue sociale que religieux. Achevée en Septembre 2010, la ligne jaune traverse la capitale du Sud au Nord, fournissant au voyageur un véritable échantillon des différentes strates de la société. La pluparts des résidents des « beaux quartiers » ne s’aventure du côté de la vieille ville que rarement car ils la jugent souvent peu sûre et désorganisée et certain ajoutent que les quartiers du nord de la ville renfermeraient des « immigrant illégaux, des repris de justice et autres trafiquants. » Les plus aisés économiquement se sont ainsi construits une sorte de cocon protecteur, au sein de différentes colonies aux entrées bien gardées. La ligne jaune du métro relie ses micros sociétés entre elles, unique lien social entre personnes au mode de vie diamétralement opposé. Gurgaon, première station située au sud de Delhi, représente la ville de la nouvelle génération d’hommes d’affaire, avec sa Cyber City, et ses buildings aux architectures modernes. Les barres d’immeubles sont actuellement ce qui se fait de plus luxueux. Baptisée « jungle de béton », Gurgaon en constante expansion grignotant sur les anciennes terres de paysans qui voient le prix de leurs terres atteindre les sommes pharaoniques. A cinq stations de métro de la nouvelle capitale des affaires, se trouve Chhatarpur, anciennement Chhatarpur village où il n’est pas improbable de déboucher sur un champ ou les fermiers font paitre leurs vaches et buffles au milieu d’un dédale de petites ruelles. Delhi s’est ainsi formé d’un aggloméra de villes, villages et colonies qui ont chacun gardé leur propre caractère. La fracture existante entre les différents quartiers de Delhi est flagrande. La croissance du pays est fortement visible dans une couche de la société qui a adopté un mode de vie occidentalisé. Cette image de l’inde moderne on la retrouve dans le centre de la capitale. Janpath, Ashoka et Rajpath font parties des longues avenues vertes, ordonnées, neuves, mais étonnamment désertes qui s’étendent dans le nouveau Delhi. De là, la ligne jaune transporte ses passagers en quelques minutes dans les quartiers du nord-est qui sont pourtant aux antipodes du centre de New Delhi. Le vieux Delhi est devenu essentiellement un ghetto musulman depuis la partition de l’Inde. Ruelles étroites et sombres continuellement emplies d’une foule dense, bruit, odeurs, chevaux, vaches et chèvres. Les poulets sont égorgés dans la rue même, il ya pas à dire la viande est fraiche, mais c’est un sacré spectacle. Le vieux Delhi ne manque pas de vie mais quelles conditions de vie. Le réseau électrique forme des toiles d’araignées entre les bâtiments, la plupart des habitants ne possèdent pas de toilettes et doivent se contenter des publiques, des groupes d’affamés attendent devant les restaurants les restes des clients. La ligne jaune relie les ghettos les uns aux autres et, plus au nord dessert Majnu ka Tilla, la colonie Tibétaine située aux bords de la rivière Yamuna. . Et, c’est également via la ligne jaune que l’on accède au marché d’Azadpur. Tôt le matin une foule de fermiers se presse à l’entrée du marché, arrivant par camion, moto, à charrette ou à pied. La ligne jaune relie ainsi les différentes communautés d’un Delhi hétéroclite, du quartier des affaires aux colonies bourgeoises en passant par les quartiers populaires parfois aux allures de villages, et par les petites ruelles du vieux Delhi.

 


Support : AFP
Country : Inde
Place : Delhi

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