Kalash, peuple animiste du Pakistan

Philippe GABEL


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Chitral, la ville la plus septentrionale du Pakistan, capitale de la Province du Nord Ouest. Les Kalash, établis dans cette région depuis plus de 2300 ans, régnaient sur tout le district. Ce peuple de paysans montagnards, dont on ignore l’origine, n’occupe plus maintenant que trois vallées, Bamburet, Rambur et Birir, nichées dans les contreforts de l’Hindou-Kouch, aux confins de l’Afghanistan et du Pakistan.L’isolement et le respect des traditions ont permis la protection de leur culture.Aujourd’hui réduit à environ 4000 âmes, ils perpétuent, dans leurs villages reculés accrochés aux flancs des montagnes, les rites de leurs ancêtres polythéistes et leurs grandes fêtes d’équinoxes, Joshi et Chowmas.Les anthropologues voient dans les pratiques kalash le même canevas que les anciennes religions aryenne et grecque avec des similitudes de coutumes et de vénérations. Les Kalash maintiennent tant bien que mal leurs traditions face aux assauts conjugués de la civilisation technicienne et du prosélytisme des marchands musulmans qui les nomment Kafirs, infidèles. En effet, au XIXe siècle, ils ont déjà résisté aux conversions forcées par le souverain afghan musulman Amir Abdul Rahman qui islamisa le Nouristan voisin.Résistance passive et vaine… car leur grignotage paraît inéluctable et leur lutte pacifique impropre à enrayer leur déclin culturel. Que peut, en effet, un rituel de purification avec de l’eau et une branche d’arbousier enflammée contre les transistors, les jeeps, les ustensiles en plastique et les téléphones portables de leurs concitoyens pakistanais.Les Kalash vivent au rythme des saisons, se nourrissent de galettes de blé ou de maïs, s’éclairent à la lumière du foyer, pratiquent l’élevage et une agriculture de montagne.Malgré la rudesse de leurs conditions de vie et la fragilité de leur culture, ils pratiquent la tolérance et le respect des individus, respirent la gaité et l’insouciance. A la différence de leurs compatriotes musulmanes, silhouettes fugitives voilées, les femmes kalash sont souriantes, épanouies, espiègles.Qu’un étranger, non musulman, arrive dans la vallée, chacun s’arrête pour l’accueillir d’un sourire, lui offrir quelques noix, une grappe de raisin, des fruits secs, et l’inviter à se reposer à l’ombre d’un chêne vert en buvant un verre de vin local à coté d’un ruisseau.Si certaines familles sont plus riches que d’autres, parce que possédant davantage de terres ou de brebis, un système de redistribution, lors des cérémonies religieuses, permet au plus démunis de bénéficier de la richesse, toute relative, des plus favorisés : plus que pour ses biens, c’est pour sa générosité, pour sa largesse, qu’un homme est considéré et estimé.Il est à craindre qu’au fil du temps la fragile culture Kalash soit balayée par le pouvoir du progrès et de l’intolérance religieuse. L’humanité en serait appauvrie car le peuple Kalash est la trace toujours vivante de l’histoire humaine sur les routes de l’Orient.

 


Country : Pakistan
Place : Province du Nord-Ouest

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