ITALIE:
No man's land

Francesco ACERBIS


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Illegal female prostitution in Italy

Sexual slavery has risen considerably in Italy.  Prostitution increases all over the peninsula, growing on the outskirts of both small and large towns. The Albanian mafia, who profit from the difficulty of controlling immigration on the Italian coast, are one of the principle shareholders in this sex market. Francesco Acerbis has observed the prostitution, near Bergame in Lombardy, an area where cars often slow down to a stop on the side of the road…
 

La prostitución de jóvenes clandestinas en Italia

La esclavitud sexual a aumentado considerablemente en Italia. Se trata de una prostitución intensiva y tentacular que se extiende por toda la península y que se desarrolla en la periferia de las ciudades. La mafia albanesa, aprovecha la dificultad de los controles de inmigración sobre las costas italianas, y representa uno de los principales accionarios del mercado del sexo. Francesco Acerbis ha observado esta prostitución cerca de Bérgamo en Lombardía, en una zona donde los autos desfilan y se paran a menudo al costado de la ruta…

 


Prostitution de jeunes femmes clandestines

L’esclavage du sexe a pris une ampleur considérable en Italie. Une prostitution, intensive et tentaculaire, s’étend partout sur la péninsule, elle se développe en périphérie des petites et grandes agglomérations. La mafia albanaise, profitant d’une immigration difficilement contrôlée sur les côtes italiennes, est un des principaux actionnaires du marché du sexe. Francesco Acerbis a observé cette prostitution, près de Bergame, en Lombardie, sur une zone où les voitures filent et souvent s’arrêtent sur les bas-côtés.
Italie, Juillet 2002 – Au bord de la nationale SS525, à la sortie de Bergame, en direction de Milan, sur un rayon de 10 km, des centaines (entre 150 et 200 en semaine, 300 à 400 les nuits du week-end) de toutes jeunes femmes vendent leur corps pour quelques euros. La plupart, des immigrées clandestines, viennent d’Albanie, de Moldavie, d’Ukraine ou encore du Nigeria. Elles se prostituent dans les voitures des clients pour des tarifs bradés et discriminatoires : 15 euros, la Noire et 30 euros, la Blanche. Les prostituées européennes ont entre 15 et 23 ans, les Nigériennes, entre 20 et 26 ans. Toutes doivent rapporter 400 euros par soir et subissent la violence de leurs proxénètes. Différentes « organisations » gèrent les filles et les zones sont délimitées entre les prostituées noires et blanches. En Italie, ces filles sont appelées « les esclaves ».
L’organisation albanaise est particulièrement élaborée, le « commerce » passe par plusieurs intermédiaires et commence à gagner d’autres pays. Cet esclavage moderne a un prix : entre 25 000 et 35 000 euros la fille. La mafia albanaise recrute les jeunes femmes en faisant miroiter l’appât du gain, la vie occidentale ou en exploitant leur crédulité. Les jeunes Albanaises sont particulièrement vulnérables : séduites, elles sont ensuite jetées sur le trottoir après avoir été complètement brisées. Les proxénètes logent, habillent et nourrissent les filles, parfois quelques-unes touchent un pourcentage sur leurs gains. Ils veillent à la présentation des filles, « diversifiant » les genres. Les jeunes femmes vivent sous leur surveillance permanente, qu’elles soient sur le trottoir ou cachées dans des appartements. Complètement dépendantes, psychologiquement et affectivement aussi, elles vivent dans la violence et la peur des coups, ou pis encore. Elles ne sont plus que des objets de consommation et des ombres au bord de la route. Francesco Acerbis a saisi ces silhouettes, brutalement éclairées par les feux des voitures et prisonnières d’un monde parallèle.
Pourtant, quelques-unes s’en sortent grâce à des clients qui les aident ou encore les « rachètent ». La route est le seul endroit où elles croisent le monde extérieur, où les forces de l’ordre et les associations peuvent les approcher. Si une d’entre elles accepte de dénoncer ses proxénètes, elle est mise sous protection d’une organisation d’aide qui la cache dans une « casa di fuga » (maison de fuite). La jeune femme est alors accompagnée sur le plan social, physique et psychologique. Elle obtient des papiers et tente de réaliser son rêve : mener une existence normale.
Mesures de l’Etat italien
Le nombre des prostituées est évalué à 60 000, sur toute l’Italie, 30 % seraient albanaises parmi les jeunes femmes originaires d’Europe. Pour tenter de lutter contre cette prostitution sauvage, l’Etat italien propose un programme d’insertion aux jeunes femmes et a créé un numéro vert : 800 290 290. Entre 200.000 et 300.000 appels ont été recensés en 2001, dont 7 000 proviennent de prostituées, 7.000 de clients.

Country : Italie
Place : Bergamo

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