Jean GARCIA
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Au cours de la décennie écoulée, j’ai effectué plusieurs séjours ce pays, hors des sentiers touristiques et sans faire de photographies. J’ai pu instaurer des relations d’intimité avec des gens humbles qui se sont confiés sur leurs conditions de vie déplorables. Des gens dignes, chaleureux et d’une grande beauté dans leur attitude face à la vie. Nos échanges en langue espagnole, tout comme la précarité de leurs conditions de vie m’ont renvoyé aux souvenirs de mon enfance, vécue dans un milieu précaire près de mes grands-parents paternels, réfugiés politiques espagnols. Aujourd’hui Cuba s’ouvre au monde occidental et l’expérience m’a montré par le passé, en d’autres lieux, que ce genre d’évolution génère des changements de comportements et des pertes de traditions. Je suis donc retourné à Cuba en janvier 2014 avec l’intention de photographier ces gens dans leur environnement familier afin de conserver quelques traces d’une réalité qui ne peut laisser indifférent. Il m’est arrivé de partager leur quotidien pour faire voir leurs gestes, leurs attitudes et les objets archaïques qu’ils utilisent et qui seront bientôt des témoignages d’un temps révolu. Nous avons de Cuba une image très colorée, largement diffusée par les médias du tourisme: cigares, rhum, musiques, jeunes femmes accueillantes, vieilles voitures américaines rutilantes, architecture coloniale… Une réalité dont vit très bien Cuba mais qui en masque une autre, moins séduisante, présentée, ici, par cinq portraits que j’ai résolument choisi de traiter en noir et blanc.