Longtemps occultée par les uns et refoulée par les autres, l’histoire des Harkis émerge à peine à notre conscience. A l’occasion d’un anniversaire manqué, j’ai souhaité questionner, d’une génération à l’autre, d’un individu à l’autre, l’appartenance identitaire au sein de cette communauté de destin. Avec empathie, mais sans militantisme, il a fallu écouter les gens, visiter les lieux, s’imprégner d’une histoire complexe et délicate. Puis donner à voir aussi sobrement que possible. Deux séries se font écho : 1. Des portraits d’individus d’horizons variés, ayant accepté de poser en témoins de leur appartenance. Des paroles accompagnent ces visages, extraites des entretiens menés auprès d’eux. Elles évoquent le vécu et les sentiments de ces personnes réunies par l’Histoire. 2. Des vues des lieux dans lesquels ont transité ou habité ces gens depuis leur arrivée en France. Camps et cités d’accueil, aujourd’hui à l’abandon, constituent faute de mieux les repères tangibles d’une mémoire encore lacunaire. Au-delà d’une situation historique unique, ce travail invite à réfléchir à notre propre rapport au passé, à la mémoire et à l’identité.