HAREN

Alexia GORYN


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ENVERS DU DECOR DE L’INGRATITUDE DE LA VILLE : HAREN J’ai visité Haren pour la première fois l’an dernier, il faisait froid. Je me souviens avoir était émue par les potagers que les habitants entretenaient avec ferveur, par cette vieille ferme entourée de ses lopins de terre, de cette lourde église sur la place du village, je n’étais finalement pas si loin de la ville. Je me souviens m’être arrêtée pour contempler une grande étendue de champs, rien n’arrêtait mon regard, jusqu’à ces gros buildings, au loin. Je me souviens cette voix qui me disait que « bientôt, il y aura une prison, ici », et comme un ordre, trois architectes ont débarqués, instruments en main. Je commençais alors à comprendre que j’étais dans le territoire-dépôt de la ville. C’est l’Airbus A320 de BrusselsAirlines qui me sortie tout à fait de l ‘ émerveillement romantico-campagnard. Pour une fois, ce n’est pas le regard mais bien mon système auditif qui se mit en marche, un bouillonnement de sons bruts et autoritaires me passait d’une oreille à l’autre. Transport fluvial, train, avion, travaux, voies rapides, industries, automobile du riverains, bus de ville, Haren jugé inhabitable. L’histoire de cette commune depuis la création du canal en 1561 dévoile le revers de la médaille d’une modernisation, on y entasse au fur et à mesure services urbains, administration mondiale, confluents de la technique. Haren est le lieu de relégation des fonctions ingrates de la ville. Mon propos n’est pas de dénoncer ou de faire procès à cette réalité contemporaine, l’intrigue de ce village est la tension entre le monde urbain et son caractère rural préservé ; sorte d’ilot apaisé au milieu de la frénésie urbaine exacerbée. Les images tirées de ce constat ont aussi cet aspect. La technique utilisé est le sténopé, outil qui oblige à un certain temps de pose, qui vide l’espace photographique de tout mouvement mécanique. Cette faculté m’intéresse : le son n’existe pas dans l’immobilité. Le choix de cette technique s’explique par différentes raisons : il évoque une certaine époque de la photographie et connote l’image, d’autant plus que les images sont en noir et blanc. Les sujets présentés ne parlent pas d’une autre époque que la notre, les images oscillent entre cette technique à l’ancienne et nos lieux altérés. Je cherche cette oscillation pour le doute qu’elle laisse planer, la tension qu’elle créer entre ce que je montre et ce qui est, pour son affirmation de la non-objectivité photographique.

 


Country : Belgique
Place : HAREN

Number of photos : 15