CITOYENS MIGRANTS DE BANGALORE

Julie WOUTERS

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En tant que pays de plus d’un milliard de personnes, l’Inde constitue un marché intérieur géant pour le travail. Au cours de cette dernière décennie, le pays a connu sa plus grande augmentation de migration interne de main-d’œuvre non organisée, non qualifiée et semi-qualifiée dans tout le pays.

Dans l’état du Karnataka au Sud de l’Inde, les régions rurales sous-développées et souffrant de la dégradation des terres et de la sécheresse fréquente, sont une source clé de main-d’œuvre migrante pour la métropole de Bangalore.

Malheureusement, le gouvernement indien ne s’est pas adapté à cette nouvelle réalité de la migration interne. La fourniture de services, souvent effectuée au niveau local, rend la tâche compliquée pour les migrants pour obtenir leurs droits en tant que citoyens. Les migrants ont du mal à obtenir les cartes d’identité des électeurs, ce qui les empêche de voter. Beaucoup manquent également de cartes de rationnement leur permettant d’accéder à l’épicerie et à d’autres articles de base à des tarifs subventionnés, ainsi que des cartes de travail donnant accès à la sécurité sociale. Les migrants sont ignorés par les recensements et les enquêtes et exclus des consultations politiques.

Une action gouvernementale globale est nécessaire pour répondre aux besoins des migrants, mais le gouvernement nie l’existence d’un tel groupe depuis très longtemps. Il n’y a pas de données claires sur les travailleurs migrants et très peu sur les politiques de développement les concernant.

Si l’Inde ne considère pas les travailleurs migrants comme une partie dynamique de l’évolution du pays, elle ne sera jamais en mesure de résoudre le problème de l’urbanisation.

J’habite dans la ville de Bangalore. La situation de ces familles de travailleurs migrants m’a directement fortement touchée. Ils ne peuvent même pas bénéficier des aides apportées par des ONG car la plupart de celles-ci ont peur de se rendre dans ces communautés. Encadrée alors par une association de défense des droits des enfants The Concerned for Working Children, j’ai réussi petit à petit à me faire connaître au sein d’un camp de migrants, celui de Nagawarapalya. Là, je tente d’apporter régulièrement de l’aide notamment au niveau de la sensibilisation aux règles d’hygiène et en soutenant un camp de santé mobile.

La communauté de Nagawarapalya compte environ 500 personnes installées sur un terrain (privé) très étroit, vivant dans une précarité absolue. Les huttes sont entassées le long d’une sortie d’égout et sans aucun travaux de drainage ce qui rend la zone inondée à la moindre grosse pluie. Il n’y a aucune installation sanitaire, pas de disponibilité régulière d’eau de la ville et l’endroit ne peut profiter de l’éclairage public.

Le sujet de camp de migrants est très sensible en Inde. C’est une réalité cachée, non avouée. Que se soit du côté des constructeurs qui n’appliquent aucune de leur promesse lors de l’embauche des travailleurs, que du côté du gouvernement pour lesquels la corruption est le maître mot.

Julie Wouters

Country : Inde
Region : Inde du sud
Place : Nagawarapalya

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