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– 2013 –

Mon objectif premier était de prendre en photo ces familles Roms donc de gagner leur confiance, cela malgré les différences de langages.
J’ai suivi ces personnes pour le meilleur mais aussi pour le pire, c’est-à-dire lors des expulsions, des destructions de leurs cabanes, condamnation de leurs squats insalubres.
Je suis ainsi devenu leur photographe attitré, avec certaines tâches qui relèvent de ce privilège. Les photos d’identité, les Roms en sont grands consommateurs, la restauration de photos anciennes, l’encadrement de photos de famille pour celles et ceux restés au pays et naturellement le tirage de centaines de photos d’eux et de leurs enfants.
Je ne pourrais pas vraiment expliquer ma démarche à part une attirance naturelle pour une communauté que je ne connaissais pas. Par contre, je crois pouvoir justifier de mon style photographique. Mon intention n’était pas de témoigner de la précarité de leur habitat, squats, cabanes, tentes ou même belle étoile, une photo misérabiliste. Non, plutôt j’ai recherché les situations de bonheur, de gaité dans cette adversité. Renvoyer une image positive.
Je crois pouvoir avancer que pour un peuple aussi ostracisé que celui des Roms, la photographie est un moyen essentiel pour faire connaître ces personnes, quelles sont-elles, comment vivent-elles. La photographie par son pouvoir de persistance permet d’établir un lien durable entre deux mondes qui se méconnaissent. Et l’on sait trop bien où mène la méconnaissance, la peur de l’autre dans notre société.
L’heure est plutôt maintenant à une mise en avant de la situation dramatique des réfugiés adultes ou mineurs non accompagnés. Mais le problème Rom demeure entier. Il n’y a jamais eu autant d’expulsions qu’à l’heure actuelle même si la trêve hivernale devrait l’en empêcher.
Cette exposition est une modeste contribution destinée à tordre le cou aux idées reçues sur les Roms.

Soutiens
« Espérances – Être Rom au Havre » est le premier volet d’une série qui en compte quatre. Deux sont inédits. Elle a été accrochée cinq fois un mois en Normandie. Elle a eu aussitôt le soutien de Amnesty International, le groupe du Havre ainsi que le national qui a publié un portfolio dans son mensuel « La Chronique » de juin 2014. Elle a été ensuite supportée par plusieurs organisations antiracistes.

Jean-Luc Nail