REPORTERS SANS FRONTIÈRES – PATRICK CHAUVEL

100 PHOTOS POUR LA LIBERTE DE LA PRESSE


Patrick CHAUVEL



This post is also available in: French

Patrick Chauvel, 50 ans sur le front Il y 30 ans, Reporters sans frontières publiait le premier numéro de sa collection 100 photos pour la liberté de la presse. Sur la couverture, on pouvait voir un jeune photographe de guerre, grièvement blessé au Cambodge lors d’un reportage. L’homme aux boucles brunes qui figure sur cette image iconique s’appelle Patrick Chauvel.
Trente ans plus tard, RSF a choisi de rendre hommage à cette légende de la profession. Hommage réciproque, puisque Patrick Chauvel publie ici son premier ouvrage photographique, servi par une nouvelle formule imaginée avec le studio de création de Valence.
«C’est à nous, journalistes, de rechercher la vérité et de la diffuser par tous les moyens. Face à la fatalité des événements, notre jugement est soumis à rude épreuve et l’œil du photographe ne transmet que ce qu’il voit : un instantané de guerre. Mais comme il y a toujours plusieurs photographes, plusieurs journalistes sur un même conflit, cette succession de témoignages finira par raconter « l’histoire-bataille », au plus près de la vérité des faits. » – Patrick Chauvel
De ses reportages à hauts risques, Patrick Chauvel, 50 ans de carrière et plus de 30 conflits couverts au compteur, a ramené des centaines de milliers d’images, comme autant de fragments d’Histoire.
Photographe, documentariste et écrivain, c’est un témoin inestimable de la marche du monde. L’enfer vert du Viêt Nam, les silhouettes cagoulées en Irlande du Nord, Sarajevo assiégée, le purgatoire gelé de la bataille de Grozny en Tchétchénie, Mossoul arrachée aux mains des djihadistes, les talibans après la chute de Kaboul… Patrick Chauvel partage avec RSF certaines des images les plus emblématiques de sa longue carrière. Inlassablement, ce « rapporteur de guerre », comme il se décrit lui-même, persiste à saisir sur le vif l’étincelle humaine dans la nuit de la guerre des conflits. Pour que, devant ses images, nous gardions l’œil et l’esprit toujours ouverts.

Le portfolio, qui s’ouvre sur un avant-propos de Patrick Chauvel, est éclairé par des textes inédits : la guerre du Viêt Nam vue de l’autre côté de la ligne de front, par l’ancien correspondant de guerre nord-vietnamien Chu Chi Thanh ; une réflexion intime du grand Don McCullin sur sa propre carrière de reporter ; un hommage de Jean-Marc Barr, admirateur éclairé du travail de Patrick Chauvel ; un salut confraternel d’Adrien Jaulmes, prix Albert-Londres ; le texte vibrant du journaliste et écrivain Sorj Chalandon, croisé à Beyrouth ; le texte incisif d’une autre légende de la profession, James Nachtwey ; les souvenirs d’une rencontre à Sarajevo du grand reporter Rémy Ourdan ; des moments partagés en Tchétchénie par la psychiatre Frédérique Drogoul ; et l’engagement de Stéphane Grimaldi, directeur général du Mémorial de Caen.
Avec les contributions et éclairages inédits de : Jean-Marc Barr, Sorj Chalandon, Frédérique Drogoul, Stéphane Grimaldi, Adrien Jaulmes, Don McCullin, James Nachtwey, Rémy Ourdan, Chu Chi Thanh

 

Profession: rapporteur de guerre
Ils nous parlent de Patrick Chauvel

Chu Chi Thanh
De l’autre côté
«À l’été 2013, un photographe français est venu chez moi. Il voulait en savoir plus sur le travail des reporters vietnamiens, et leur couverture du conflit. Cet homme s’appelait Patrick Chauvel, et il était marqué par le Viêt Nam. Après l’avoir beaucoup photographié et écrit un livre à ce sujet, Chauvel avait à cœur de montrer la guerre vue de l’autre côté, en particulier notre travail à nous, photographes vietnamiens. »

Jean Marc Barr
Un homme debout
«J’ai été totalement séduit en écoutant ses histoires, j’ai eu l’étrange impression de rencontrer un frère. Il a vu le plus tragique de ce monde, qu’il a appris à regarder avec distance, humour, pertinence et humanité. Il incarne ces personnages qui m’ont inspiré dans mon adolescence, assez courageux pour affronter les murs de l’autorité et le brouillard de la guerre. Toujours prêt à se battre, la tête haute. Pour moi, Chauvel, c’est ça : un homme debout, le doigt sur le déclencheur.»

Frédérique Drogoul
Rencontre en Tchétchénie
«Lors de ces semaines passées en Ingouchie, j’ai été frappée par l’attachement chaleureux et respectueux que Patrick portait aux combattants tchétchènes, rencontrés lors de ses reportages pendant la guerre, cinq ans plus tôt. Ils en discutaient souvent, l’équipe et lui, qui connaissait si bien la Tchétchénie. Un jour, il nous a confié qu’il lui était plus facile, malgré le danger, de filmer les combattants, qui ont choisi leur destin, que de photographier des enfants dans ces camps de tentes grises et boueuses. »

Stéphane Grimaldi
Sans fanfaronnade
«Voilà donc un monsieur qui depuis cinquante ans fait son travail avec honnêteté, lucidité, sans fanfaronnade et sans un rond, et qui lorsqu’il est devant des élèves ne prend pas des airs de diva mélancolique pour parler de son métier. Il a le génie d’embarquer ses auditeurs avec l’élégance de dire simplement les choses. Telles qu’elles sont, pas telle que nos bonnes âmes sensibles et souffrantes voudraient les entendre. »

Adrien Jaulmes
Un reporter intemporel
«Chauvel se projette dans l’action comme le font rarement les journalistes.“« Je peux venir avec vous ?», est la question qui lui a régulièrement ouvert les portes de ses reportages. C’est celle qu’il pose à Sky, le combattant américain d’origine apache avec lequel il se lie d’amitié dans la jungle du Viêt Nam. Cinquante ans plus tard, il la pose encore. Aux combattants irakiens de la Division d’or, qui reconquièrent rue par rue Mossoul prise par les djihadistes. À un ancien ranger américain, qui l’accueille en première ligne avec son groupe de missionnaires un peu cinglés pendant la dernière bataille livrée par les Kurdes contre Daech dans l’est de la Syrie. »

Don McCullin
Montrer, faute d’empêcher
«Depuis que j’ai arrêté de me rendre sur les zones de conflit – la dernière fois, à Alep en 2016, j’ai pris conscience des limites de mon corps, la guerre est une affaire de jeunes gens qui peuvent prendre leurs jambes à leur cou – j’ai ouvert la boîte de Pandore, et les images me poursuivent désormais comme un nuage sombre, un nuage de culpabilité. Je suis hanté, jusque dans ma paisible maison du Somerset, où 10 000 photos et 60 000 négatifs me rappellent constamment ce qu’a été ma vie. Retraité de l’horreur, je tourne désormais mon objectif vers les paysages qui s’étendent devant ma maison. Nombreux sont ceux qui voient derrière mes images les réminiscences des champs de bataille. La guerre a empoisonné mon sang. »

James Nachtwey
Aller où les autres ne peuvent pas aller
«Nous assistons tous au déroulement de l’Histoire, en temps réel. Et si les journalistes vont là où les autres ne peuvent pas aller, c’est pour montrer le coût humain des politiques menées et pointer les responsabilités des dirigeants. S’ils y risquent leur vie, c’est parce qu’ils pensent que les faits qu’ils rapportent, sur le fil acéré de l’Histoire, sont vitaux pour la société.»

Rémy Ourdan
Chauvel, tant qu’il aura des guerres
«C’est ainsi : après plus de cinquante ans de travail, Chauvel se lève chaque jour en se demandant où il pourrait partir. Dans un métier surtout pratiqué par des jeunes gens qui, pour la plupart, s’ils survivent à une guerre ou deux, changent ensuite rapidement de chemin, lui n’envisage jamais de décrocher.»

Sorj Chalandon
Le taiseux du bout du comptoir
«Chez les reporters de guerre, il y a toujours eu les haut-parleurs et les taiseux du bout de comptoir. À Beyrouth, en 1982, un jeune journaliste tout juste descendu de l’avion, avait demandé à Chauvel quelle était la situation sur le terrain. D’une main, il avait broyé le petit bouquet de fleurs posé sur notre table en disant : « C’est comme ça. »

 

Fondée en 1985, Reporters sans frontières œuvre pour la liberté, l’indépendance, et le pluralisme du journalisme partout sur la planète. Dotée d’un statut consultatif à l’ONU et à l’Unesco, l’organisation basée à Paris dispose de 12 bureaux dans le monde et de correspondants dans 130 pays.
Elle soutient concrètement les journalistes sur le terrain grâce à des campagnes de mobilisation, des aides légales et matérielles, des dispositifs et outils de sécurité physique (gilets pare-balles,casques, guides pratiques et assurances) et de protection digitale (ateliers de sécurité numérique).
L’organisation est aujourd’hui un interlocuteur incontournable pour les gouvernements et les institutions internationales et publie chaque année le Classement mondial de la liberté de la presse, devenu un outil de référence.

 


 



Editor : Reporters sans frontières
Publication year : 2022
Number of pages : 144
Language : Français
ISBN 13 : 978-2-36220-08