PHOTOGRAPHIER L’AMERIQUE 1929-1947



Henri CARTIER-BRESSON -
Walker EVANS



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Deux photographes, deux regards posés dans la durée sur le même pays-continent. Ses maisons, sa terre, ses gens. L’un est américain, l’autre français. Ils se sont rencontrés au milieu des années 30. Ils se retrouvent sur les cimaises d’une exposition  qui vient d’ouvrir ses portes à Paris.
Même exigence, même absence de démagogie dans l’oeil, même conception géométrique de l’espace, même empathie pour l’Autre, même discrétion. Il est vrai qu’ils étaient des grands parmi les plus grands, Walker Evans et Henri Cartier-Bresson.
Ils avaient en commun une vraie passion pour la littérature, Flaubert et Baudelaire pour l’Américain, Flaubert et Joyce pour le Français. Evans tenait la photographie pour une forme d’écriture. Réalisme urbain ou naturalisme social, peu importent les étiquettes qu’on lui a collées et les catégories dans lesquelles on l’a rangé, il a inventé son langage en toute indépendance. En 1935, dans le cadre d’un programme lancé par l’administration Roosevelt pour aider au redémarrage de l’agriculture, avec une douzaine d’autres photographes Walker Evans sillonna l’Amérique profonde afin de dresser un bilan des ravages sociaux et humains de la crise de 1929 sur la vie quotidienne. D’où se réputation d’ « humaniste documentaire ».
Cartier-Bresson, qui n’avait pas le compliment facile, exprimera toujours une admiration sans mélange pour Walker Evans, à ses yeux “le” grand photographe américain. Evans voyait en Cartier-Bresson l’un des rares innovateurs dans leur domaine. Pas d’effusion entre eux, question de tempérament, mais un profond respect mutuel dont témoigne l’album publié ces jours-ci à cette occasion HENRI CARTIER-BRESSON – WALKER EVANS Photographier l’Amérique 1929-1947. Leur amitié, lointaine mais inentamée, ne manquait pas de noblesse. Cette exposition lui rend justice. Elle est la manière la plus élégante de célébrer le centenaire de la naissance de Cartier-Bresson, en consacrant non le culte d’une personnalité mais celui d’une amitié photographique autour d’un pays saisi à un moment de son histoire. On ignore les paroles qu’ils ont échangées, mais on peut désormais les imaginer, et mieux encore les rêver, lorsqu’on a assisté à la conversation de leurs images.   PHOTOGRAPHING AMERICA 1929-1947

Two photographers, two gazes over time on the same country- its houses, its land, its people. One is American and the other is French. They met for the first time in the mid-30’s and can be found on the walls of an exhibition that opened in Paris.
Same demands, same lack of fanaticism in the eye, same geometric concepts of space, same empathy for the other, same discretion. It is true that they were the big amongst the biggest: Walker Evans and Henri Cartier-Bresson.
They shared a real passion for literature, Flaubert and Baudelaire for the American and Flaubert and Joyce for the French. Evans took photography into a form of writing. Urban realism or social naturalism, regardless of the labels he was stuck with and the categories he was put in, he invented his own language. In 1935, under a program launched by the Roosevelt administration to help restart farming, Walker Evans and a dozen other photographers patrolled the USA to take stock of the social and human devastation of the crisis in 1929 on daily life. From there came his reputation as a maker of « humanist documentaries ».
Cartier-Bresson, who did not easily give compliments, always expressed his unreserved admiration for Walker Evans who was in his eyes “the” big American photographer.  Evans saw in Cartier-Bresson one of those rare innovators in their field. Their deep mutual respect is reflected in this book Photographing America 1929-1947. It is the most elegant way to celebrate the birth of Cartier-Bresson, and that of a photographic friendship based around a country that was undergoing seismic shifts at that point in its history. It does not include the words they exchanged but we can imagine, and better yet dream about what conversations surrounded those images.    
FOTOGRAFIANDO LOS E.E.U.U. 1929-1947

Dos fotógrafos, dos miradas hacia el mismo país-continente, durante el mismo período. Su tierra, sus casas, su gente. Uno americano, el otro francés. Se conocieron en la década de los años 30 y hoy se vuelven a encontrar sobre los muros de una exposición en París.
La misma exigencia, la misma ausencia de demagogia visual, la misma geometría del espacio, la misma comprensión del Otro y la misma discreción. Es cierto que, Walker Evans et Henri Cartier-Bresson eran dos monumentos de la fotografía del siglo XX.

 Y los dos compartían una verdadera pasión por la literatura, Flaubert y Baudelaire para el americano,  Flaubert y Joyce para el francés.
Para Evans la fotografía era una forma de escritura. Realismo urbano o naturalismo social, independientemente de las etiquetas y rótulos que le dieron, él inventó su propio lenguaje de expresión. En 1935, en virtud de un programa de la administración Roosevelt para promover la agricultura, junto a una docena de fotógrafos, Walker Evans recorre los EE.UU para hacer un balance social y humano de la devastación de la crisis de 1929 sobre la vida cotidiana. De allí su reputación de "humanista documental".
Cartier-Bresson, avaro de cumplidos, expresó siempre una admiración sin reservas por Walker Evans, considerándolo como "el" fotógrafo americano. Evans veía en Henry Cartier-Bresson uno de los pocos innovadores en la materia. Nunca hubo efusión entre ellos, a causa de sus temperamentos, pero si un profundo respeto mutuo como lo refleja éste álbum: HENRI CARTIER-BRESSON – WALKER EVANS Photographier l’Amérique 1929-1947. Esta amistad a  distancia, siempre íntegra, no faltaba de nobleza. La exposición y el libro le hacen justicia, celebrando el centenario del nacimiento de Henri Cartier-Bresson, y dedicándolo no al culto de una personalidad, sino a una amistad fotográfica alrededor de un país en un momento dado de su historia.
Si bien ignoramos los diálogos que pudieron tener, hoy podemos imaginarlos asistiendo a las conversaciones entre sus imágenes.



Editor : STEIDL (180 pages)
Publication year : 2008