Ils sont assis


Max SIVASLIAN



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« Être assis », c’est ainsi qu’on désignait littéralement, le fait d’être interné dans un camp en Union Soviétique. L’expression est restée dans le langage populaire dans toutes les républiques après le démantèlement de l’empire.
Le regard de Max Sivaslian, qui a photographié dans six centres de détention en Arménie, dont les prisons pour femmes et pour mineurs, explore avec pudeur l’intimité de l’enfermement. Au-delà des évolutions historiques, l’univers soviétique persiste et marque l’intemporalité des conditions carcérales. Ces visages devenus anonymes, qui sont finalement de nulle part, si ce n’est du lieu universel de la privation de liberté, nous renvoient à nos propres angoisses face à la misère de l’autre.
Le texte de Martin Melkonian, qui vient en contrepoint, incite à voir ce que précisément nous ne voulions pas voir. Partout, quel que soit le lieu où s’exerce cet empêchement, avec une révélation de la vision qui a lieu grâce à l’énergie d’un photographe. « Le regard de Sivaslian ne compose jamais avec l’effraction. D’ailleurs, quoi prendre à qui n’a plus rien ».
Postface de Martin Melkonian   They are sitting down
« To be sitting down », that’s what we used to say for being interned in a camp in the USSR. This way of saying stayed in the informal language in all the republics after the empire’s dissambly.
As Max Sivaslian took some photos in six detention centres in Armenia including the prisons for women and children, his look scouts the closeness of imprisonment with delicacy.
Beyond the historical changes, the Soviet universe remains and underlines the timelessness of incarcerating conditions. Those anonymous faces which eventually are from nowhere except from the universal land of freedom’s depravation sends back to us our own fear of the other one’s poverty.
Martin Melkonian’s text urges us to see what we voluntarily want to ignore.
No matter where this depravation takes place, an exposure of the look happens thanks to the energy of a photographer.
« The look of Sivaslian never breaks in. Moreover, what is there to take to whom has nothing. »
Postface by Martin Melkonian   Ils sont assis (« Sentados »)
« Estar sentado » es así que se designaba textualmente, el hecho de estar internado en un campo de la Unión Soviética. La expresión quedó en el lenguaje corriente de todas las repúblicas después del desmantelamiento del imperio.
El trabajo de Max Sivaslian, realizado en seis centros de detención en Armenia, entre los cuales las prisiones para mujeres y menores, explora con pudor la intimidad del encarcelamiento. Más allá de las evoluciones históricas, el universo soviético persiste y marca la intemporalidad de las condiciones carcérales. Esos rostros anónimos, que son finalmente de ningún lado, salvo del sitio universal de la privación de libertad, nos envían a nuestras propias angustias ante la miseria del otro.
El texto de Martin Melkonian, viene en contrapunto e incita a mirar eso que justamente no queríamos ver. Dondequiera que se ejerza ese impedimento, con una revelación de la visión gracias a la energía de un fotógrafo. “La mirada de Sivaslian no cuenta jamás con la efracción. ¿Qué podría tomársele a aquel que ya nada posee?”.
Prólogo de Martin Melkonian


Editor : PARENTHÈSES
Publication year : 2006