LE PEUPLE KAREN
ENTRE SURVIE ET GUÉRILLA


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Les rebelles karens, qui représentent l’un des principaux groupes ethniques du pays, se battent depuis plus de 50 ans dans l’espoir de libérer leur peuple du joug de l’armée birmane et continuent de s’accrocher au rêve d’un Etat indépendant, Kaw Thoo Lei. L’Etat karen se situe à l’est de la Birmanie et touche la frontière thaïlandaise. Cependant le territoire contrôlé par la guérilla karen n’a cessé de se réduire au fil des années. Ne disposant pas suffisamment de ressources militaires, les rebelles ont peu à peu été contraints d’utiliser des champs de mines pour protéger le peu de territoire qu’ils contrôlaient encore. En 1995, les troupes birmanes ont fait chuter Manerplaw, le quartier général de la KNU (Aile politique du mouvement karen). Depuis cette date les leaders karens se sont retrouvés dans l’obligation de multiplier les liens diplomatiques avec Rangoon. Cela s’est conclu par un « gentleman agreement » avec l’ex-Premier Ministre birman le Général Khin Nyunt, en janvier 2004. Mais les pourparlers engagés, en vue d’un cessez le feu entre la KNU et le gouvernement birman, n’ont pas été respectés. Après une période de cessation des combats pendant 3 mois, la junte birmane augmenta la présence militaire dans l’Etat Karen. Très vite, la relance des combats pris le dessus sur le « gentleman agreement ». Depuis novembre 2005, l’offensive des troupes birmanes a même atteint une ampleur inégalée depuis 1997. On estime que plus de 11.000 civils ont été obligés de fuir leur village, en l’espace de quelques mois. Les civils sont les premiers touchés par ce conflit. Les soldats de l’armée birmane n’hésitent pas à faire des incursions dans les villages pour piller les récoltes des paysans, confisquer leurs terres ou les contraindre au travail forcé.
Cherchant à s’extirper de cette situation, les villageois karens n’ont souvent d’autres choix que de se cacher dans la jungle. Parfois ce sont les soldats birmans qui les y obligent en brûlant leurs villages. Les ONG locales estiment à plus de 100.000, le nombre de personnes vivant cachées dans la jungle en se déplaçant chaque jour pour ne pas être rattrapées par l’armée birmane…
Ceux qui arrivent à rejoindre les camps contrôlés par l’armée de libération karen, vivent dans de meilleures conditions, mais ne sont pas non plus à l’abri du danger. Tous les jours plusieurs centaines de patients affèrent dans les cliniques aménagées dans les différents camps. La plupart des malades sont affectés par la malaria, des pneumonies ou des diarrhées aiguës que les infirmières ont du mal à traiter faute de médicaments.
Le chemin parcouru par ces personnes parties de leur village pour rejoindre les camps de la KNU, est parsemé d’embûches. Elles doivent non seulement traverser des champs de mines mais prennent en plus le risque de rencontrer des troupes de l’armée birmane à tout moment.
On estime également à plus de 150.000 les karen ayant réussi à traverser la frontière et rejoindre les camps de réfugiés situés au nord de la Thaïlande. Tandis que le nombre de travailleurs migrants karen vivant en Thaïlande s’élèverait quant à lui à plus de un million. Des cliniques, écoles ou orphelinats s’ouvrent de manière clandestine dans cette région du nord de la Thaïlande pour accueillir les migrants karen ou les orphelins ayant perdu leurs parents au combat.

Juin/Septembre 2005 – Manon OTT

Photographs by OTT Manon