DE L'OR SOUS L'AMAZONIE


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 La fièvre de l’or en Amazonie brésilienne semble tout droit sortie d’un Western, mais l’explication est aussi réelle qu’actuelle : avec l’instabilité économique (bourse imprévisible, crise des subprimes, etc.), la valeur de l’or  a bondi de 30% en 2007. Dans ses conditions, la quête du métal précieux du chercheur jusqu’au financier est un réflexe normal, l’or étant une valeur-refuge.
De nombreuses mines ouvrent ou rouvrent. Même le garimpo de la Serra Pelada, cette mine photographiée par Sebastiao Salgado dans les années 80, alors même qu’elle a été exploitée pendant plus de 20 ans, vient d’être rouverte.
 Plus de 10 hectares de forêt primaire ont été dilapidés à Eldorado do Juma, que certains qualifie de nouvelle Serra Pelada. La terre a été retournée sur plus de vingt-cinq mètres de profondeur. Même si une partie des centaines de kilos d’or trouvés serait, répète-t-on à qui veut bien l’entendre, consacrée au reboisement du site, la déforestation est irréversible. D’abord, Les hommes par groupe de cinq à dix coupent à ras la végétation puis arrosent la terre pour en faire une boue. L’eau provient d’un affluent de la rivière Juma qui s’assèche lorsqu’il ne pleut pas. La boue est ensuite aspirée avec le même type de tuyau, c’est-à-dire des lances à incendie. Une rampe de lavage reçoit le mélange sur ces deux descentes en escalier. L’or se dépose alors dans les rainures. Tous les deux à quatre jours, les orpailleurs récoltent un concentré de terre et d’or. Il s’en suit un travail à la batée pour ne garder que les précieuses paillettes. A Eldorado do Juma, les grains d’or étant assez gros, les orpailleurs n’ont pas souvent recours au mercure indispensable pour faire coaguler les fines poussières d’or. L’or y est d’une très haute qualité car pur à 99%.Philip POUPIN – 2007
 Légendes :

01- Au petit matin, le village de Carbets construit par les chercheurs d’or se réveille dans l’humidité de la forêt vierge.
Le village est au cœur de l’Etat d’Amazonas, l’un des Etats brésiliens ayant le moins subi la déforestation jusque maintenant.
 02- Un orpailleur voyage sur la barque qui descend la rivière jusqu’à la mine d’or ‘Eldorado do Juma’.
 03- Le "garimpo do rio Juma" (la mine d’or de la rivière Juma) s’étale sur plus de 10 hectares et a été creusé jusqu’à 25 mètres de profondeur. La déforestation, corollaire de l’extraction, y est irréversible.
 04- Un homme casse la roche à la pioche avant de l’arroser pour en faire une boue qui sera ensuite aspirée et tamisée pour en extraire l’or.
 05- Un homme lave de la terre pour en extraire de l’or.
 06- Un jeune chercheur d’or travaille à la battée pour récupérer l’or dans un trou de plus de 25 mètres de profondeur.
 07- Un groupe d’orpailleurs travaille à la pelle et à la battée. Une partie des chercheurs d’or n’ont pas les moyens d’investir dans des pompes électriques.
 08- Des hommes creusent la terre sablonneuse à l’aide d’une lance à incendie. La boue est ensuite aspirée par un autre tuyau qui la conduira sur des tapis où seront récoltées les particules d’or.
 09- Un orpailleur mouille la terre afin de la transformer en boue qui sera filtrée pour en retirer l’or.
 10- Deux hommes récupèrent l’or déposé par la boue sur les tapis.
 11- Antonio (38 ans) et Joan Da Cruiz (42 ans) lavent les sacs déposés sur les fonds des rampes de lavage. L’or s’y accroche.
 12- Alonso Ausca Brau (38 ans) sépare les grains d’or des derniers graviers.
 13- Dans une petite battée est regroupé le dernier mélange de terre et d’or. Il sera encore soigneusement lavé avant d’obtenir un or pur à 99%.
 14- Trois orpailleurs fument une cigarette après avoir terminé leur journée. Ils attendent la paie qui se fera en grammes d’or.
 15- Piani Ro (49 ans), propriétaire de la pompe électrique, partage l’or récolté pendant 4 jours. Soit 97 grammes d’or. Le propriétaire prend 65%. 10% sont donnés au "propriétaire du terrain", en fait la personne qui est arrivée en premier et qui s’est proclamée propriétaire. Le reste revient aux 4 ouvriers.
 16- Quelques bijoutiers travaillent dans la mine pour satisfaire la clientèle des orpailleurs. Ces derniers montrent leur réussite à l’aune des bijoux qu’ils affichent.
 17- Luis Pereira Lima dit "Ceara" du nom de la région dont il est originaire représente l’une des plus belles réussites d’Eldorado do Juma. En 10 mois, il a trouvé plus de 70 kg d’or. Ceara porte autour du cou 5 pépites d’or qui pèsent chacune entre 25 et 30 grammes. Cet homme de 45 ans porte en permanence un revolver de calibre 9mm. Les orpailleurs montrent leur réussite à l’aune des bijoux qu’ils affichent.
 18- Une prostituée fait un strip-tease intégral dans l’un des bars de la mine d’or. Elle sera ensuite mise aux enchères et partira avec le plus offrant. Il arrive que les partenaires fassent l’amour sur la scène.
 19- Un champ est sciemment brûlé pour être "nettoyé", afin d’empêcher la végétation de repousser. De l’herbe sera plantée pour faire des pâturages. L’expansion de l’agriculture est une des causes de la déforestation en Amazonie. Les sommes gagnées dans l’or sont réinvesties dans l’agriculture et l’élevage.
 20- Une zone forestière a été sciemment brûlée pour être "nettoyée", afin d’en faire des champs. De l’herbe sera plantée pour installer des pâturages. L’expansion de l’agriculture est une des causes de la déforestation en Amazonie. Les sommes gagnées dans l’or sont réinvesties dans l’agriculture et l’élevage.
 21- Des vaches traversent la route menant d’Apui à Novo Aripuana près du garimpo de la rivière Juma. L’expansion de l’agriculture est une des causes de la déforestation en Amazonie. Les sommes gagnées dans l’or sont réinvesties dans l’agriculture et l’élevage.

Photographs by POUPIN Philip