CHRONIQUE
D’UNE
INDEPENDANCE
ANNONCÉE


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    KOSOVO 1999 – 2008Aferdite IBRAHIMAJ
  17 février 2008, l’indépendance du Kosovo est proclamée. Ce nouvel Etat est le septième issu de l’ancienne fédération yougoslave, dont la dislocation a débuté avec la mort de Tito en 1980. Le point de départ a été le Kosovo précisément, paradoxalement, il est le dernier à obtenir son indépendance. La Serbie voisine s’y oppose toujours, et s’entête voir le Kosovo comme son berceau historique, sa propriété indiscutable, et ce malgré la reconnaissance faite par plus de 50 pays, dont la majorité des pays de l’Union européenne, et les Etats-Unis.  Je suis née au Kosovo, en 1974, et je vis en France depuis l’âge de 2 ans. En juin 1999, dès la fin des bombardements, avec comme bagages ma double culture et mon appareil photo, je me rends au Kosovo, heureuse que la guerre soit finie, et inquiète. Vais-je retrouver le Kosovo de mon enfance, de mes vacances? Dans quel état ont-ils mis le Kosovo ? (Pour moi, « ils », englobe autant les Serbes que l’Otan, qui a bombardé durant 3 mois le Kosovo et la Serbie).
Je découvre les ruines, les larmes et les rires, et cette euphorie particulière des premiers de la libération. Et la vie reprend son cours. Mon séjour devait durer deux semaines. J’y reste deux ans. Depuis j’y retourne régulièrement. Le Kosovo m’habite, continue à me surprendre, m’agace parfois, et me passionne.
Mes photos retracent le parcours menant le Kosovo vers son indépendance, et c’est aussi la redécouverte de mon pays. Ma façon de travailler là-bas n’est pourtant pas différente dans d’autres contextes qui ne me sont pas familiers. Mais là, je ne peux nier mon implication personnelle, et je porte un regard sensible, impliqué et distant à la fois, critique, sans concessions, mais toujours empreint d’humanité.
Cette guerre que j’ai vécue à distance, et qui a débuté bien avant les bombardements de l’Otan, m’a touchée et a sans doute influencé mes choix de vie.
Ce travail aurait pu s’intituler « la boucle est bouclée ».
L’indépendance va-t-elle marquer une ère nouvelle, plus sereine pour les Balkans ? En tous les cas, elle s’imposait, et n’a pas été suivie des effets catastrophiques que beaucoup d’analystes prévoyaient. Il appartient maintenant au Kosovo de se relever, dans un contexte de pauvreté extrême, une jeunesse sans perspective, avec les minorités, principalement les Serbes qui refusent cette « défaite », et avec la mainmise d’institutions internationales, sans doute trop lourde.

Alors, bienvenu au Kosovo indépendant, et interdépendant de tous les autres Etats…
 LÉGENDES:
01- Gjakove, ville détruite à 80% pendant la guerre, 2000.
02- Ici vivait une famille Rom, 1999.
03- Manifestation pour la libération des prisonniers Albanais des prisons en serbes, Prishtina, 2000.
04- Sur le pont de Mitrovica, 2000.
05- Ferizaj, 2000
06- Dans la région de Klina, centre du Kosovo, 2001.
07- Enfant Rom, Mitrovica nord, 2005.
08- Enfant Rom à Obiliq, Près de Prishtina, 2005.
09- Dans la région de Klina, dans le centre du Kosovo. 2005
10- Le campus universitaire, au fond une église orthodoxe, Prishtina, 2007.
11- Portraits de personnes toujours portées disparues depuis 1999. Ces portraits sont accrochés sur les grilles du parlement kosovar, Prishtina, 2007.
12- Vue sur Mitrovica sud, depuis le pont, 2007.
13- Gjilan, 2008
14- DAns le village de Gorenje Kusk/Kushk, village habités par les Serbes et les Albanais, sans être mélangés, dans la municipalité de Gjilan. En arrière plan, un portrait du nationaliste Nikolic, candidat perdant des dernières élections en Serbie. Kosovo
15- Dans son épicerie, dans le village de Kushk, près de Gjilan, sud de Prishtina, 2008.
16- Prishtina, 2007.
17- Prishtina, 2007.
18- La veille de la déclaration d’indépendance, 16 février 2008, Prishtina.
19- 17 février 2008, jour de la proclamation de l’indépendance. les drapeaux américains flottent aux côtés des drapeaux albanais, sous le portrait du défunt président du Kosovo, Ibrahim Rugova.
20- Le nouveau drapeau du Kosovo, "Moi aussi j’ai un pays", Prishtina, 2008.

Photographs by IBRAHIMAJ Aferdite