BORDERS
AMAZONIE, LE BAZAR DE L'HUMANITÉ


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La forêt amazonienne devient le théâtre d’une gigantesque foire d’empoigne qui oppose propriétaires terriens, paysans sans terre, garimpeiros, seringueiros, industries internationales, indiens, prédicateurs, trafiquants de drogues et forces armées. L’Amazonie s’étend sur 7 millions de km2, entre le Surinam, le Guyana, le Venezuela, la Guyane, le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, et le Pérou. La réalité du bassin amazonien dépend surtout de la dette extérieure des nations qui le compose et des besoins en matières premières des pays industrialisés. Les activités se développent sous forme de fronts pionniers, colonisateurs d’espaces intouchés. Le taux de déboisement pourrait dépasser 40% en quelques années. L’Amazonie brésilienne représente 60% du territoire amazonien. Les militaires brésiliens ont participé à sa mise sous contrôle au nom de la sécurité nationale, l’église au nom de Dieu, l’état et les entreprises, au nom du développement économique. Indiens, pionniers, fermiers ou garimpeiros, se côtoient, lancés dans la marche organisée vers la colonisation. La politique de colonisation fait de l’Amazonie une vaste zone d’exploitation et menace l’équilibre écologique, mais aussi un ensemble de Peuples autochtones en droit de conserver un minimum de libre-arbitre sur leur évolution.L’Amazonie est l’objet d’enjeux qui dépassent ses frontières et son avenir se joue autant à Lima, New York, Bruxelles ou Tokyo. Eldorado mythique, "poumon de la planète" ou "coffre-fort" du millénaire, elle est au centre de clivages où la part du fantasme l’emporte sur la réalité. Pour les 20 millions de brésiliens qui y vivent, son développement est inéluctable. Tous aspirent à un mythe nouveau : le progrès.

Photographs by GIN Christophe