ANOTHER WAY


This post is also available in: French

Il est des déserteurs de toutes sortes. En ces temps de crise de notre modèle sociétale, ils sont nombreux à imaginer des solutions alternatives au mode de vie consumériste.
Tous n’osent pas faire le pas du changement, parfois cependant il y a rupture, dérive. Il existe un mouvement de fuite animé par le désir de mener des expériences cruciales, des envies de renouer avec la nature, avec les éléments.
Certains choisissent la voie de la marginalité complète, d’autres plus prudents composent avec le monde tel qu’il est.
La manière dont tous ces activistes conçoivent leur habitat est très révélatrice de leurs choix philosophiques.
C’est sur les routes de France, à travers ces familles, que le voyage commence.

Il existe différents types d’habitat alternatif,
« d’habitat choisi » comme préfèrent dire leurs habitants. Grossièrement on peut classifier ces habitats en trois catégories : mobile, nomade et intégré.Par habitat mobile, on entend camions aménagés, roulottes ou encore caravanes.
Ce type d’hébergement trouve ces origines chez les tziganes avec leurs traditionnelles roulottes, mais aussi dans le mouvement new-traveller né dans les années 80-90 en Angleterre. Leurs bus mythiques et ex-camions militaires aménagés en ont inspiré plus d’un.

Certains d’entre ceux qui cherchent aujourd’hui une alternative au logement classique optent pour ce type d’habitat par facilité ou souci économique. Néanmoins, nombreux sont ceux qui le font par réelle volonté et par esprit de nomadisme et d’itinérance. En effet, camions, roulottes et caravanes, permettent généralement une totale liberté de déplacement. Lorsque l’appel de la route se fait sentir, ces fils de Kerouac emmènent leur maison avec eux sur les chemins de la liberté.
Les habitats nomades, quant à eux, représentent des campements pouvant être déplacés mais ayant tout de même vocation à une installation plus ou moins temporaire. Ces habitats sont ceux des peuples nomades qui ont su traverser le temps malgré la rudesse du climat dans lequel ils vivent : les tentes berbères du Sahara, les yourtes nomades d’Asie intérieure, ainsi que les tipis des nomades sibériens et des indiens d’Amérique du nord.
Le fait de vivre en yourte, tipi ou tente aujourd’hui en France relève d’un réel choix idéologique, celui d’un mode de vie proche de ces peuples nomades. Il s’agit souvent d’une pièce unique et circulaire avec un aménagement sommaire même si certains modernisent fortement leurs nids.
Pour finir, l’habitat intégré : il semble s’agir là de l’aboutissement dans la recherche et le cheminement vers un mode de vie choisi. Nombre de personnes vivant dans un habitat intégré ont dans un premier temps vécu en camion, caravane, yourte ou encore tipi. Leur démarche s’oriente plus vers le respect du cadre dans lequel ils s’installent. Sans être des intégristes de l’écologie, ils respectent l’environnement qui les entoure.
Il s’agit de cabanes, grottes, habitations troglodytes, maisons auto-construites, ou encore, plus récemment les « Earthship » initiés par Michael Reynolds. Ces habitats ont vocation à être autosuffisants en énergie et intégrés au paysage qu’ils occupent.
Même si la loi, en France, n’est toujours pas favorable à l’émancipation de l’habitat alternatif, ses résidants le disent : ce choix de mode de vie est un choix à long terme. Aucun ne se voit retourner habiter dans un appartement en ville ni même une maison quelconque au milieu d’un bourg.
Légendes:

01 – "Tout droit, en bas de la descente. Monter à gauche à 800m, 2ème à droite, puis tout droit." Marcus

02 – "  Il y a deux hivers, j’ai laissé la caravane aux chats, il faisait trop froid. Moi et les chiens, on a pris la cabane. " Barry

03 – " Il ne faut pas être esclave de son bonheur. " Katia & José

04 – " Naia, comme Ewen, est née juste là, au pied de l’olivier. " Nasha

05 – " Ici, c’est chez nous, pas parce qu’on l’a acheté mais parce qu’on l’a construit. " Charlotte & Aurélien

06 – " La yourte, c’est pour le petit. Un jour, la caravane sera trop petite pour nous trois. " Thomas & Sarah

07 – " Naia est peut être celle –de mes quatre enfants- qui se plait le plus ici. Elle passe tout son temps à la rivière. " Nasha

08 – " C’est une photo de mon ami mongol, décédé, comme ça je ne l’oublie pas. " Marcus

09 – " Ici, c’est chez moi. C’est petit mais ça suffit. " Barry

10 – " Bio, c’est un cadre de vie. Il faut apporter à nos enfants une réflexion sur la société de consommation. " Jennifer

11 – " Tout ce dont j’ai besoin, je le trouve ici, dans la nature. " Barry

12 – " Même si on passe l’hiver dans un appartement pour le petit, c’est ici que l’on se sent vraiment bien. " Thomas

13 – " La vie est tellement plus agréable quand on prend le temps. " Katia & José

14 – " Si, par travail tu entends gagner de l’argent, effectivement non, je ne travaille pas souvent. Par contre, chaque jour je travaille à la construction de notre nid. " Aurélien

15 – " Construire une cabane permet de la faire à son image. " Christophe

16 – " Nos enfants vont à l’école, ont accès aux mêmes choses que les autres. Pour nous c’est important de leur laisser le choix. " Nasha & Yannick

17 – " Ca fait 30 ans que je baroude, pour le moment je reste ici. C’est bien ici. " Barry 

Photographs by DELCROIX Antoine