The Enemy vous transporte au coeur de face-à-face entre combattants provenant de trois zones de conflit : chez les Maras du Salvador, dans les mines de la République Démocratique du Congo, et à l’intérieur des frontières d’Israël et de la Palestine. Leurs témoignages et confessions sur leur vie, leurs expériences et leurs perspectives de la guerre vous permettront de mieux comprendre leurs motivations… et leur humanité. Le parcours de Karim Ben Khelifa, photographe de guerre depuis 15 ans, se résume à une quête, toujours plus ambitieuse, portée par une question centrale : à quoi servent donc les images de guerre si elles ne changent pas le rapport des gens à la guerre, à la violence et aux souffrances qu’elles engendrent ? À quoi servent-elles si elles n’influencent pas les opinions ? Si elles ne créent pas la paix ? Le projet The Enemy rompt avec l’imagerie de la guerre telle que les médias nous l’ont montrée jusqu’ici. En donnant la parole à ceux qui portent en eux la violence, en leur permettant de se présenter, d’exposer leurs motivations et leurs rêves, le projet confronte autant les points de vue des combattants que le vôtre. Les défis de création de The Enemy ont été nombreux:
Assimiler des individus, souvent reclus et difficiles d’accès, actifs au sein de groupes armés. Se pourvoir de la meilleure équipe ainsi que du meilleur équipement. Recréer un studio professionnel – un fond uni, un éclairage neutre – dans des endroits difficiles. Maîtriser la technologie nécessaire à la création de numérisations 3D de chacun des combattants et de leur expliquer son fonctionnement. Et, pendant ce temps, enregistrer avec précision le langage corporel de chacun de ces hommes, leurs paroles, leurs mouvements, leurs regards qui en disaient tant. Puis, de retour à Paris, recomposer au dixième de seconde chacune de ces interviews pour les positionner dans l’espace. Les intégrer à cette nouvelle forme de journalisme. Penser, tester, repenser, retester, développer, recommencer à zéro à Montréal, New York ou Paris. Réduire les innombrables conversations avec les producteurs, les membres de l’équipe, les ingénieurs et les technologistes, les scientifiques, les designers et les utilisateurs à l’essentiel pour créer l’expérience virtuelle authentique d’une rencontre face à face. Construire un système de traque utilisateurs des plus précis. Pour détecter un visiteur, puis trois, puis vingt. Rapprocher les combattants de vous, et réussir à vous rapprocher d’eux à l’aide d’un casque de réalité virtuelle ou d’un mobile. S’adapter à l’apparition et à l’évolution de nouvelles technologies, aligner ses intentions avec le potentiel du matériel. Composer avec les nombreuses zones sombres jusqu’à ce qu’elles soient mises en lumière. Il y a plus de trois ans, nous avons lancé une production qui nous porterait, mon équipe et moi, sur quatre continents. Nous avons invité plus de 1500 testeurs, issus de différents milieux, origines et groupes ethniques. Nous avons présenté une partie de notre travail dans les milieux universitaires, les festivals et les écoles. Tout ça, pour poser une seule question : est-ce que je pourrais être toi, si j’étais de l’autre côté? C’est à travers les récits que nous comprenons le monde, mais grâce aux expériences que nous nous en souviendrons. Et s’il était possible d’expérimenter le récit d’un autre, que se produirait-il?