Dans le cadre du cycle "Photographes pour l’Histoire", la Base sous-marine à Bordeaux présente jusqu’au 29 mars 2014 l’exposition de Marc Riboud Longues marches en Chine. Cette ancienne base allemande, réhabilitée en 2001 en équipement culturel complète ainsi le cycle initié en 2004 avec l’exposition de Henri Cartier-Bresson Des Européens. Il a, depuis, accueilli, entre autres photographes, Robert Capa, Robert Doisneau, Willy Ronis, George Rodger ou Agusti Centelles…Pour concrétiser ces longues marches, synonymes d’autant de voyages, l’exposition est composée de 120 tirages en noir et blanc qui ne revendiquent pas la chronologie mais qui sont plutôt destinés à refléter la Chine d’hier et d’aujourd’hui, son évolution de 1957 à 2010. "Ces photos sont mes notes de voyage, déclare Marc Riboud. Elles se veulent constats plus qu’analyses ou jugements. L’œil touche par les sens et non par les idées, même si parfois les uns nourissent les autres. Si nous savons peu de la Chine, nous savons ce que nous y aimons, et d’abord l’intensité de la vie. Mais le Chinois de la rue, que connaît-il de nous ? Un Shanghaien m’abordant un jour sur le Bund me dit fièrement : “Moi je connais trois Français : Napoléon, de Gaulle, Platini !” ».L’exposition s’ouvre sur la série de paysages des montagnes du Huang Shan qui symbolisent pour lui une Chine "éternelle" dans laquelle s’enracinent les traditions. Un point de départ que le photographe rappelle quand il écrit : « Je décidais de partir sans imaginer que ma passion de photographier ce qui bouge et ce qui change serait à ce point comblée par un paysage. » Rappelons en effet qu’en 1957, il est le premier Européen à pénétrer en Chine, la Chine de Mao Tse Toung et Chou en Lai, qu’il arrive à photographier "à la sauvette", l’un pensif devant son assiette, l’autre éclatant de rire. Plus tard, ce seront ses photographies de Shanghai symbolisant l’explosion économique du pays. Ou encore  les manifestations anti-américaines, les publicités qui ont pris la place des dazibaos et ces Chinois qui préfèrent se faire photographier devant une limousine plutôt que devant le portrait de Mao."C’est l’observation assidue du détail ou de l’instant qui peut aider à connaître ou à comprendre le(s) Chine(s) et les Chinois".