« Kiss the Past Hello »


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L’exposition « Kiss the Past Hello » est le fruit de deux ans de travail et d’un « grand échange » avec Larry Clark, raconte son commissaire, Sébastien Gokalp. Il s’agissait au départ de montrer les derniers travaux du photographe, mais celui-ci a beaucoup repris ses archives et c’est finalement une exposition « qui remet en abîme cinquante ans de travail ». Le titre de l’exposition est un jeu de mot sur l’expression « kiss goodbye », elle invite à revenir sur le passé et à le repenser.

Larry Clark, né en 1943, a fait ses débuts de photographe à 14 ans, comme assistant de sa mère qui photographiait des bébés et des animaux domestiques mis en scène. Il l’aidait en amusant les enfants ou en jouant avec les animaux pour les occuper. Pour la première fois, il montre ses photos, tout à fait kitsch, en ouverture de l’exposition. Cette expérience lui a en même temps appris à faire des photos et l’a dégoûté de la mise en scène. Ce qui l’intéresse, c’est « la vérité, la vérité, la vérité », explique Sébastien Gokalp. Il veut toujours « montrer quelque chose qu’on n’a pas vu ».

Larry Clark a ressorti ses premières photos, les photos de Tulsa, Oklahoma, où il a grandi et où il a passé son adolescence. Dont des inédits (Vintage Tulsa, 1963) et un petit film inédit en 16 mm. A Tulsa, il photographiait ses amis, pour témoigner de la vie d’une jeunesse en marge qui ne cadrait pas avec la vision du rêve américain. Il montrait une réalité qu’il ne fallait pas montrer, qui n’était pas censée exister, des jeunes qui faisaient l’amour, prenaient des drogues et jouaient avec des armes à feu.

Publié en 1971, "Tulsa" faisait scandale. Larry Clark continuait avec Teenage Lust, toujours sur le sujet de l’adolescence, dont on peut aussi voir des images à Paris.

L’image d’une fille enceinte qui se shoote, suivie de celle d’un bébé mort, est dure. Les photos de sexe sont plutôt soft. Loin d’une pornographie trash et avilissante. Ces images, pour beaucoup, on les a déjà vues à Paris, en 2007 à la Maison européenne de la photographie, puis à la BNF en 2008-2009. Ceux qui iraient voir l’exposition attirés par la polémique qui l’entoure seraient sans doute déçus. Rien de plus, plutôt moins si ce n’est quelques sexes, dans les travaux plus récents. Finalement, les images les plus dures sont celles de sa propre adolescence.

Sur un mur entier, des instantanés en noir et blanc d’un garçon que Larry Clark a fait poser au début des années 1990. Prenant le contrepied de la pratique photographique habituelle, il a gardé et expose toutes les vues qui, juxtaposées, font comme défiler le temps.

En 2003, Larry Clark rassemble dans une grande installation (punkPicasso) des photos récentes et anciennes, des coupures de journaux, des documents personnels.

Toute une salle est consacrée à la série des photos de Jonathan Velasquez (2003-2009), un jeune skater d’origine vénézuélienne à South Central, Los Angeles. De grandes images en couleur. Jonathan, Larry Clark l’a suivi de 14 à 20 ans. La première image est une photo de Jonathan bébé qu’il a récupérée. Il se baigne l’air joyeux dans une cuvette, sur fond de murs d’un vert crasseux.

Larry Clark dit qu’il est un « conteur d’histoires ». Il a rencontré Jonathan et ses copains skaters de South Central alors qu’il devait faire des photos d’adolescents pour le magazine français Rebel. Jonathan a attiré son œil parce qu’il était particulièrement photogénique. Quand le magazine est paru, Larry Clark est retourné à South Central pour en donner un exemplaire aux jeunes. Et il a continué à travailler avec eux. Alors que South Central est un quartier réputé dangereux, « c’était un privilège de pouvoir suivre ces ados », estime le photographe. « Ils étaient si joyeux, tout le contraire de mon adolescence à moi», raconte Larry Clark, pour qui ces jeunes sont « vraiment des gens bien ». « J’ai toujours voulu montrer ce qu’on ne voit pas vraiment », explique-t-il.

C’est vrai que Jonathan rit beaucoup, quand il déconne avec ses copains, quand il montre ses fesses, quand il pose, déhanché et goguenard. Larry Clark l’a aussi photographié nu. Sur un cliché plus récent, Jonathan apparaît plus grave. Il est maintenant père de famille, raconte le photographe qui est resté en contact avec ces jeunes latinos.

photographs by Larry CLARK

From 08/10/2010 to 02/01/2011
Musée d'art moderne de la Ville de Paris
11 avenue du Président Wilson
75016 Paris
France

Opening hours : Tous les jours sauf lundi et jours fériés, 10h-18h, nocturne le jeudi jusqu'à 22h
Tarifs: 5€ / 3,5€

Phone : 01 53 67 40 00