A MON CORPS DERANGEANT


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France – Pays-Bas 2013Ce travail photographique est un hymne au corps « différent », au corps considéré parfois comme dérangeant. C’est avant tout un hymne aux émotions, aux sentiments, à ces amours souvent insoupçonnées et que l’on voudrait quelquefois interdire.

À chacun le droit de sentir, de s’émouvoir, d’aimer, croit-on. Autant de droits fondamentaux auxquels l’individu n’a pourtant pas forcément accès. Comme si chacun pouvait tout avoir, comme s’il suffisait de vouloir.

Ce travail se veut un hymne au corps que l’on évite ou que l’on cache. Ce corps tordu qui – comme tout autre – exprime sa sensualité, ses émotions, pour une ode à l’amour, réalité partagée par tous, quels que soient son apparence, son héritage, son handicap.

Dans une société où l’omniprésence des codes érotiques est une banalité quotidienne, le diktat de l’image est une constante à laquelle on ne peut échapper. Pourtant, à l’heure où nous sommes submergés d’images sur la sexualité, et que nous-mêmes les véhiculons, le corps de l’autre « différent » contrarie.
Alors que les médias nous vantent sexe et caresses pour le bien-être de chacun… tous se réfèrent aux stéréotypes propres à notre époque et ne s’éloignent guère des standards existants. Il est peu coutumier de s’appesantir sur la différence. Le handicap est fui, occulté, et la sexualité des personnes handicapées taboue.

De par leur condition, mais aussi trop souvent parce que « ceux qui peuvent » – proches, personnel médical, ou même parfaits inconnus – ont choisi de leur imposer des limites, les personnes handicapées n’ont pas forcément accès à la sexualité. C’est ainsi qu’au nom du bien pour tous, de la bienséance, de la morale, la majorité bien-pensante dicte ce qui est convenable et ce qui doit être permis ou non. L’individu se retrouve dès lors dans un cadre de vie préétabli par les « bienveillants » et auquel on voudrait qu’il se conforme. Et le regard porté sur le handicap devient source de discrimination.

Rencontres passagères ou relations durables, ce reportage a été effectué avec le concours de divers couples.
Parmi eux, certains n’ont pas la chance d’avoir trouvé de partenaire, et revendiquent malgré tout le droit à la sexualité. C’est ainsi que les images d’Aminata et Daniel, réalisées au Pays-Bas, apportent un éclairage distinct qui n’exclut en rien tendresse et attention.
Apparue dans les années 1980, l’assistance sexuelle reste un sujet tabou en France où les autorités l’assimilent à la prostitution… notamment parce qu’aucun cadre légal ne lui est accordé. Droit à la sexualité pour les uns, marchandisation des rapports sexuels pour les autres, le sujet fait débat et divise tandis que des formations très encadrées sont dispensées dans plusieurs pays d’Europe.

La situation des personnes handicapées n’est-elle que le reflet de la perception qu’un peuple a de ses semblables « différents »?
Sous prétexte de corps « abîmés », les personnes handicapées auraient-elles moins de droits que les autres ? Leur accès à la sexualité serait-il secondaire ? Aurions-nous tendance à oublier qu’il y a une personne derrière un handicap ?
La véritable barrière entre personnes valides et handicapées est la plupart du temps dressée par les valides. Elle n’est en général justifiée que par des préjugés. Et lorsqu’ils s’effondrent, il ne reste que deux êtres face à face qui se découvrent… si semblables.

Dans ce reportage, il s’agit de poser un regard différent sur autrui. Ici les handicaps se dévoilent, là ils se font plus discrets… et les images se font moins gênantes. Preuve en est que tout est question d’appréciation.

Pourquoi, au fond, suis-je troublé par cette différence ? N’est-ce pas à moi de m’adapter ?
Faire le premier pas, passer outre les modèles établis et les préceptes « vertueux », c’est le chemin que n’ont pas hésité à parcourir les personnes photographiées. Elles osent s’afficher pour défendre une cause qui paraît être la leur, alors qu’elle est celle de tous : l’amour n’est-il pas universel ?

Jérôme Deya  
HIDE THAT BODY THAT I CANNOT BEAR TO SEE!

France – Netherlands 2013 This work is a hymn to « different » bodies, bodies which sometimes people think should be hidden, but it is above all a hymn to emotions, sentiments, and to the often unexpected amorous relationships that some would wish to forbid.  Everyone should have the right to have feelings, to have emotions, to love….all fundamental rights which not everyone enjoys. As if everyone could have everything, as if all you had to do was wish for it for it to happen.  This documentary is intended to be an ode to the bodies from which one averts the eye, or which remain hidden away.  That twisted body, which, like all bodies, conveys sensuality and emotions….to feel love, a reality shared by all, whatever their appearance, background, or handicap.  In our society where erotic codes have become omnipresent and banal, the dictatorship of the image has become an ineluctable constant.  But while we are overwhelmed with images of sexuality, and while people have no problem showing themselves off on sunny beaches, “different” bodies pose a problem. The media may talk of the merits of sex and of caresses for our well-being, but they all refer only to the stereotypes of our times and differ little from existing standards.  It is rare to see anyone looking at what is actually different.  Handicaps are hidden and the sexuality of handicapped people is taboo.  Primarily because of their physical condition, but all too often also because “those who can” – friends and relations, medical staff, or even complete strangers – impose limits, the handicapped have little access to sex.  Thus in the name of the common good, and of lofty morals, the majority dictates what is acceptable, what should be allowed or not.  The individual then finds him or herself confined to a pre-defined lifestyle to which he or she is expected to adapt.  And society’s view of the handicap becomes a source of discrimination.This documentary was made with the help various couples, ranging from those in long-term relationships to more fleeting encounters. Among them are some who were not lucky enough to have found a partner, but claim the right to have a sexual existence nonetheless.  The photos of Aminata and Daniel, taken in the Netherlands, serve to illustrate this point showing that there is still ample space for tenderness and attention.First appearing in the eighties, sexual assistance is still taboo in France where the authorities see it as just another form of prostitution….especially as it falls within no legal framework.  Seen by some as the right to sex, but by others as the marketing of sex, the subject provokes debate and division even while specific training courses exist in several countries in Europe.  Is not the situation of the handicapped just a reflection of how people perceive those who are different in their midst?  Just because their bodies are “damaged”, should the handicapped have less rights than the others?  Should we consider sex for the handicapped as a secondary subject?  Perhaps we tend to forget that there is a human being hidden behind a handicap?  The barrier between the able-bodied and the handicapped is most often erected by the able bodied, and is generally motivated just by preconceptions or miscomprehension.  When those barriers fall, all that remain are two beings who find themselves face to face and …. so alike.  This documentary is about looking differently at one another.  Handicaps that appear here, fade away elsewhere, and the images are easier to bear.  It is proof if need be that it is all a question of appreciation.  Why does this difference bother me?  Is it not more for me to adapt myself?  To take the first step, go beyond the established models and “virtuous” ideas….eternal obstacles!  It is the route that the people in the photographs here dared to take.  They dare to show themselves to defend a cause that they consider is their own, but really it concerns everyone : is love not universal ?
Jérôme Deya

photographs by Jérôme Deya

From 09/09/2016 to 14/09/2016
La FERME DUPIRE
80 rue Yves Decugis
59650 Villeneuve d'Ascq
France

Opening hours : Vendredi 9 septembre 14h à18h ; samedi10, dimanche 11 septembre 11h à 18h ; lundi 12 mardi 13 mercredi 14 septembre 10h à 12h - 14h à 18h.
Exposition autorisée aux moins de 15 ans accompagnées.
De plain-pied, accessible aux handicapés