LES GENS DE LA TERRE

Trégor, France


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Pour moi, qui viens de la ville, le monde des petits paysans était totalement inconnu. Comment parler, montrer quelque chose que je ne connaissais pas ?
J’y ai quand même plongé sans à priori et avec curiosité.
La démarche les a d’abord étonnés, puis intéressés, puis passionnés. Ils se sont véritablement impliqués dans cette démarche.

J’ai été charmée par leur accueil, leur gentillesse, leur générosité, leur enthousiasme à exercer un métier que rien ne leur ferait abandonner.
J’ai été reçue magnifiquement partout (café, cidre, et même le repas …) et mon travail a été souvent préparé et facilité.
J’ai été sensible à leurs difficultés, à leurs luttes parfois, à leurs conditions de travail : une permanence de tous les instants, sept jours sur sept, presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Un vêlage en pleine nuit, et l’éleveur doit être présent. Pas ou peu de vacances, sauf à se faire remplacer, des revenus très aléatoires, pas ou peu de subventions, des emprunts pour arriver à être compétitif.
La vie avec la nature, au rythme des saisons, quatorze à seize heures de travail en été, un peu moins en hiver.

Mais les temps et les manières de travailler ont changé. Les machines ont remplacé les chevaux et même parfois les hommes.
Dommage que les notions de rentabilité et d’argent aient pris le pas sur la solidarité, la convivialité et parfois même la qualité.

Bien sûr, montrer et faire parler des paysans du Trégor n’a pas le même impact qu’un reportage de guerre, mais témoigner du monde, c’est aussi montrer les petites gens, leur vie, leur travail, leurs difficultés.

Il faut aller vers eux, les écouter, leur montrer un intérêt pour ce qu’ils font. On leur apporte la reconnaissance et la grandeur. En échange, ils nous apportent la connaissance d’un monde mal connu et l’humilité.

Tout mérite observation et témoignage.

Michèle Misan

Photographies MISAN Michèle
2013 - 2014