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Sur le continent africain, les LGBT luttent quotidiennement contre des tabous, sévèrement punis par leurs proches, et sont victimes de violences physiques et psychologiques. Au Burundi, au Rwanda et en Ouganda, malgré des législations différentes, révéler son homosexualité ou sa trans-identité condamne à l’isolement social. Pour Yoweri Museveni, le président ougandais, ils sont des ekifire, des  »demi-morts », comme il les a qualifiés lors d’un rassemblement saluant l’avènement d’une loi anti-gay.

 »Je travaille avec des êtres qui jouent leur vie non pas au cours d’un événement qui se terminera à plus ou moins brève échéance mais dont l’existence est présentée par les litanies homophobes comme une faute divine, un fardeau moral pour la société. Le crime ne résiderait pas en ce qu’ils font mais en ce qu’ils sont. Comment ressentir réellement le défi d’une telle vie si on ne la vit pas soi-même ?

Attaché à un sujet dont je repousse la clôture, mon esprit entremêle la bonne conscience du témoin éclairé à la mauvaise de celui qui sait qu’il ne fera pas le voyage jusqu’au bout. J’ai rempli de questions et de doutes, un tonneau des Danaïdes. Les interrogations initiales sont restées en l’état. Comment font les LGBT pour durer, perdurer, endurer, indurer ? Comment être accepté par une communauté dont le prudent repli sur soi est un mécanisme de défense inné ?

Le temps a modifié la nature du questionnement. Plus de comment mais l’espoir de ne pas avoir trahi un combat juste et d’avoir agi avec désintéressement. Comme un soupir ultime, un vœu pieux. Quant aux doutes, ils finissent toujours par s’évaporer, laissant la place à d’autres et à une ou deux certitudes. Par le trou du tonneau se sont échappées des photographies. Ce sont EKIFIRE. » – Frédéric Noy