Qu’est ce qu’une ville, qu’est-ce qu’un quartier ? Ce sont là des questions que tout un chacun a tendance à juger superflues tant il a spontanément l’impression d’en détenir par évidence la réponse. Et pourtant, quand il s’agit d’argumenter pour trouver une définition précise de ces territoires, la gêne apparaît, les incertitudes s’accumulent et les désaccords s’étalent.
La ville est avant tout une réalité qui se vit, qui nous implique en tant que sujet et que nous percevons à travers le faisceau indéterminé d’une multitude d’impressions ou de définitions, parfois contradictoires.
De telles définitions ne parviennent pourtant jamais à refléter de manière satisfaisante l’expérience du citadin, de l’habitant, de celui qui perçoit le contenu et les limites de sa ville et de son quartier en fonction d’ambiances, de sensations, de souvenirs…
L’ambition du travail de recherche qui a conduit à cette exposition est de rendre compte du vécu du quartier par ses habitants en recueillant et en analysant les impressions, les images qui sont les leurs par rapport à cette réalité mouvante dans laquelle s’inscrivent leurs déambulations quotidiennes, à l’intérieur de laquelle s’abrite leur intimité, autour de laquelle s’écrit leur histoire.
Dirigée par Jacques Barou, cette entreprise est celle d’une équipe, composée de Cécile Gouy-Gilbert, Thierry Nahon et Diana Szanto, qui a su créer dans un quartier grenoblois, le quartier Berriat, les conditions durables d’un échange confiant. Ils ont aussi recherché la contribution d’un photographe ; Michel Gasarian. Ses photographies, grâce à leur capacité à saisir, apurées de tout superflu, les réalités humaines les plus caractéristiques, comme d’ailleurs les témoignages oraux, sont devenus dans cette recherche des moyens d’investigation à part entière, sources de connaissances et d’interprétations nouvelles autant que supports de restitution.