En démarrant ce reportage, j’étais envahie bien malgré moi par le folklore tsigane très prégnant dans l’imaginaire collectif. Au fil du temps, j’ai réalisé que les conditions de vie de cette communauté, que je tentais de raconter, n’étaient pas déterminées par leur appartenance à la culture tsigane mais par tout un ensemble de lois qui délimite un périmètre de possibles plus que restreint pour ces nouveaux arrivants. Leur origine rom, leur histoire et leur position sociale dans la société roumaine allait me permettre de comprendre la motivation qui pousse ces hommes et ces femmes à venir vivre dans ce que notre société a fait de pire pour leurs enfants et pour eux-mêmes. Et ce dans l’indifférence quasi générale. Les Roms ont mauvaise réputation. Je l’ai compris dans mon milieu social, familial et professionnel dès que j’ai commencé à les côtoyer et à m’intéresser à leur situation en France. Le folklore tsigane véhiculé par la musique et les films reste acceptable, il l’est beaucoup moins quand on tente de parler de cette population venue s’installer chez nous depuis l’ouverture de l’Europe de l’Est, la fin du communisme et la chute de l’ex-Yougoslavie.Il existe dans l’imaginaire collectif « une rumeur » d’être Rom, Manouche ou Gitan. Un rideau opaque qui dissimule aux yeux de beaucoup une misère que l’on pouvait imaginer d’un autre temps. Une mauvaise réputation qui isole d’une indignation populaire nécessaire aux véritables changements. Souffrir enfin d’une mauvaise presse, quelques dépêches noyées dans un flot incessant d’informations. Autant d’éléments qui généralisent la situation critique de ces enfants, nés en France pour certains, et de leurs parents. C’est parce que la rumeur est tenace que je suis revenue faire des photos, confronter jour après jour la réalité des familles aux idées reçues.