La mort récente de trois fillettes tchétchènes, épuisées et frigorifiées, dans les montagnes ukrainiennes a soulevé l’indignation en Pologne, pays d’où elles venaient. Ce drame de l’immigration est-ouest met en lumière un phénomène qui reste largement méconnu dans ce pays, pourtant principal point de passage pour les exilés de cette petite république du Caucase vers l’Europe de l’Ouest. Par une coïncidence amère, les Tchétchènes fuyant les conséquences de la guerre avec Moscou échouent massivement dans une ancienne base militaire russe, en Pologne. Rénové à l’aide de fonds européens, le centre d’accueil pour étrangers de Debak est une poignée de petits bâtiments jetés en pleine forêt, à trois quart d’heure au sud de Varsovie. En vertu des réglementations européennes, et à moins d’un statut de réfugié rarement accordé (5% des demandes en moyenne), les exilés Tchétchènes frappant à la porte polonaise de l’Europe sont confinés dans ce pays. Les familles peuvent passer des années dans l’un des 17 centres du pays, parfois à 8 dans une simple chambre. Mais pour beaucoup d’entre eux la Pologne est un pays de transit. Toutes les semaines, quelques uns quittent le centre et passent clandestinement les frontières vers l’ouest. Si la Pologne compte environ 6 000 Tchétchènes, leur nombre précis varie constamment. D’un coté, les nouveaux arrivants à la frontière sont de moins en moins nombreux ; de l’autre, les pays européens rapatrient fréquemment à Varsovie les exilés quittant clandestinement la Pologne. L’année dernière, 512 Russes qui avaient fui la Pologne clandestinement ont été renvoyés à Debak, dont 41 par la France. En supprimant les frontières avec l’Europe de l’Ouest, l’entrée de la Pologne dans l’espace Schengen pourrait encore favoriser la noria européenne des réfugiés Tchétchènes. « Le centre de Debak n’est pas prêt de fermer ses portes » assure, confiant, son tout nouveau directeur. Le photoreportage est composé d’ images dans 4 centres d’accueil pour les refugies dans les environ de Varsovie. Dont un qui étant un camp fermé Lesznowola.