MEN ON EARTH

Etienne CHOGNARD

© Etienne Chognard


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Le démantèlement définitif du campement de la Lande à Calais est mis en œuvre par le gouvernement Hollande fin octobre 2016. Plusieurs centres d’accueil sont créés. Ils vont s’appeler CAO pour les adultes et CAOMI pour les mineurs. Ces adolescents seront disséminés sur le territoire français pour une « mise à l’abri en dur » et pour « une évaluation des situations ». La plupart de ces centres subiront une restructuration, un regroupement ou une fermeture entre janvier et mars 2017, fin mars étant la fin de la trêve hivernale qui « autorise » à remettre à la rue les personnes accueillies majeures. Les mineurs, étant sous la coupe de la protection de l’enfance, doivent être placés, au même titre que des enfants français, soit en centres, soit en familles d’accueil.

Le photographe Etienne Chognard a photographié huit portraits, en noir et blanc d’adolescents et adultes, à Rouen, après le démantèlement de Calais, début 2017.

La prise de vue permet de faire resurgir qui sont ces hommes hors contexte : ils ne sont pas en mouvement, marchant, traversant les frontières mais ils sont des visages d’un semblable. Visages au pluriel. La différence indiscernable devient semblable. Le visage nous scrute, sans rien attendre en retour et sans volonté d’ingérence. Il regarde l’objectif sans rien attendre en retour comme une relation désintéressée. Il peut être réduit à la description qui s’efface, et qui glisse pour disparaitre ailleurs.
Son exposition, face à face, vis-à-vis du regardeur, nue, le visage le plus dénué révèle une pauvreté essentielle que ces hommes masquent dans la pose, devant l’appareil photographique.
Ces hommes, tous contraints à être nomades ont tout perdu. Malgré tout, les photographies démontrent l’impensable capacité de l’humain à poursuivre leur rêve, à interroger, à questionner par leur regard l’Autre. Ceux et celles sédentaires qui habitent un territoire, un pays.
« Le visage est signification, et signification sans contexte. Il est sens à lui tout seul » écrivait le philosophe Emmanuel Levinas

Nathalie Gallon


Les propos recueillis et restitués grâce et par Pauline G. qui s’est proposée pour « coordonner » les mises en place de plans d’urgence en faveur d’un public en grande précarité (nécessitant une mise à l’abri, une protection, suite aux démantèlements de squats ou à diagnostic, relevant d’un caractère d’urgence absolue).
Dans ce cadre, elle peut intervenir sur le premier accueil et l’accompagnement linguistique (Français Langue Étrangère) dans les lieux de vie des personnes accueillies sur diverses associations du secteur Rouen/Agglomération rouennaise. Elle travaille depuis 2004 en faveur de l’accompagnement, l’insertion (logement / formation) des migrants dans une association professionnelle dite moyenne qui gère annuellement 75 salariés. Un immense merci pour sa contribution.

 



Biographie :
Etienne Chognard a obtenu sa carte de presse en 1988. Formé en agence pendant 5 ans.
Éclectique dans mon travail pendant longtemps, se dit désormais plus portraitiste, mais son parcours a toujours été ponctué par des reportages. Notamment sur Berlin avant la chute du mur, une immersion dans un foyer de sdf, ou encore Auschwitz avant la commémoration du cinquantième anniversaire de la libération des camps de la mort.
« Mon but à travers ces photos de migrants est de ramener la notion de migrants à l’échelle de l’individu. En plus lorsqu’on partage la même terre, le même air et les mêmes ressources.
Je n’ai voulu aucun artifice pour ces prises de vues. Format carré, éclairage identique, et même focale. Le regard et rien d’autre.
Les photographies ont été réalisées en numérique, puis tirées sur papier, selon mes réglages. »

Pays : France
Lieu : Calais

Nombre de photos : 8