Le Mesnil Amelot. Un petit millier d’habitants, un bar où les routiers s’arrêtent pour un paquet de cigarettes ou un café, une église moyenâgeuse fierté locale, une petite épicerie dans le centre et un supermarché à cinq minutes en voiture, quelques lotissements et une zone industrielle. La banalité tranquille de la France semi rurale. Le Mesnil Amelot. En bordure des pistes de l’aéroport Roissy Charles de Gaule, le plus grand centre de rétention pour sans papiers en France. Une espèce carcérale hybride, antichambre de l’expulsion, où transitent chaque année cinq mille personnes, soit près du quart du quota d’expulsions exigé par le ministre de l’intérieur pour l’année 2005. Parcourant le village, j’ai photographié la banalité du lieu en cherchant le vice caché de cette réalité bicéphale. Comme pour libérer sous nos yeux une part de la tension, de l’attente et de l’inquiétude toute retenue elle aussi dans le Centre.