Lassa, entre brousse et banlieue

Patrick ERTEL


This post is also available in: Anglais

À propos de Lassa :
Le village de Lassa est situé, à vol d’oiseau, à moins d’un kilomètre des faubourgs de Bamako, sur les flancs d’une colline qui domine la ville de 200 m, au nord-ouest, entre le fleuve et le vallon qu’emprunte la voie ferrée vers Dakar. Sa fondation est antérieure à celle de Bamako, et son nom signifie à peu près ‘voir jusqu’à l’horizon".
Son aspect actuel est celui d"un village de brousse. Les habitants y perpétuent un mode de vie traditionnel. Leur quotidien est fait de gestes simples : chercher l’eau au puits ou aux robinets collectifs, cultiver, récolter, entretenir les logements, commercer, cuisiner, partager les repas, boire le thé, palabrer, prier, faire la fête…
Le maire élu gère le village en concertation avec les dugutigui (chefs de village) et les anciens. Au fil des exodes ruraux, de nouveaux arrivants y ont trouvé l’hospitalité des autochtones, une vie sociale proche de celle de leurs villages d’origine, des loyers à leur portée, et la proximité de la capitale, censée leur fournir le travail qu’ils sont venus chercher ici.
Le foncier à Lassa est encore principalement géré par la coutume, qui est reconnue légitime par l’état malien. Les vieilles familles du village cèdent du terrain à qui veut construire, conformément à la tradition, si ce n’est qu’en plus des noix de kola, une somme en liquide est négociée, dont le montant reste cependant modeste.
Du fait de l’afflux de jeunes travailleurs venus de la brousse, de nombreux autochtones construisent de petites maisons qu’ils leur louent à bas prix. Mais toutes ces opérations se font sans délivrance de titre de propriété officiel, et lorsque l’administration d’état procède au zonage ou à la construction de routes, les occupants sont généralement expulsés sans recours possible.
La croissance de la capitale est en passe de faire de Lassa une banlieue résidentielle. Le mouvement a commencé, certains pionniers aménagent de confortables propriétés équipées de forages et de panneaux solaires. Dans les années à venir, le microclimat favorable, l’arrivée de l’eau courante et de l’électricité, le goudronnage des routes, vont inciter de plus en plus de citadins à s’y installer et, on peut s’attendre à ce que les classes moyennes bamakoises remplacent petit à petit les habitants actuels, qui seront repoussés plus loin par la hausse des prix du terrain et des loyers.
Un premier livre a été autopublié sur Blurb, avec les premières photos de ce travail en cours : http://fr.blurb.com/books/2339226

 

Pays : Mali
Lieu : Bamako

Nombre de photos : 50