Laos - Exclusion urbaine

Samuel TURPIN


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En République Démocratique Populaire du Laos, les familles les plus démunies, les mendiants, les handicapes physques et mentaux sont chassés de la capitale. En plein coeur de Vientiane, en face du marché central, une dizaine d’hectares de marécages regroupait plus d’un millier de « bo shop », des personnes « pas bien », peu fréquentables. Et les personnes que l’on ne fréquente pas dans un Laos qui prône officiellement l’ouverture et la libéralisation de l’économie, ce sont les plus démunis, tous ceux qui ne rapportent rien et qui ne consomment rien, ou seulement les restes de ce qu’on a déjà digéré deux fois au minimum. Le Parti (nom qui désigne le parti unique qui se maintient sans partage au pouvoir depuis 1975) n’a pas d’égards pour les plus faibles. Il décide qu’ils sont des « feinéants » qui ne veulent pas suivre les nouvelles instructions politiques. La plupart sont des Hmongs, cette communauté montagnarde victime de la répression du pouvoir en place depuis plus de trente ans, accusée d’avoir soutenu les puissances impériales (la France pays colonisateur, puis les Etats Unis durant le conflit americano vietnamien). Les veuves ne peuvent plus subvenir aux besoins les plus élémentaires et décident de tenter leur chance dans la capitale. Les autorités ont rasé le bidonville improvisé pour aménager un complexe touristique, en proposant une réinstallation dans un site à plus de vingt kilomètres. Les habitants des villages envirronnants leur sont hostiles, les possibilités agricoles sont inexistantes. Une décision qui permet de cantonner une frange de population indésirable, de gommer une représentation des politiques de répression et des échecs économiques du pouvoir en place, et de promouvoir une image idyllique du pays aux visiteurs et investisseurs qui se précipitent au Laos depuis la fin des années 90.

 


Pays : Laos
Lieu : Vientiane

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