Les origines de la Tammuriata remontent au moins au Vème siècle Av. J.C., période à laquelle les grecs antiques rejoignirent l’Italie et y créèrent des colonies dans l’ensemble du midi. Cette musique tire son nom de l’instrument qu’elle emploie principalement : la "tammorra" ou "tammurro" [un tambour soutenu d’une main et joué de l’autre]. Son interprétation se réparti en trois rôles : le joueur de tammorra [dit "tammorrare"], le chanteur et au moins un couple de danseurs. Plus qu’un dense appareil de symboles et de doubles sens, la Tammuriata est aussi l’occasion par laquelle l’on cherche à se soulager de ses angoisses, de ses frustrations, de ses peurs quotidiennes. Elle est en sorte un mode efficace pour exorciser les causes du malaise social et spirituel, à travers une sorte d’action cathartique qui véhicule une vraie et très personnelle maïeutique du corps social collectif. La Tammuriata n’est pas simplement une forme d’expression musicale populaire : elle est le noyau vital du monde paysan et porte avec elle préceptes, enseignements, dogmes et tabous qui ont à voir avec les sphères de la religion, de la sexualité, de la croyance, de la vie de tous les jours. De nos jours, la Tammurriata, forme archaïque de chant porté par un tambour, se transmet de père en fils et reste liée aux rituels collectifs comme la récolte des champs, le paysage des saisons, les vendanges, les fêtes religieuses… Les chants des paysans, leur travail, leurs peurs, leurs amours appartiennent à une histoire jamais écrite, jamais rappelée, dont on trouve le fil dans la vie des contes et dans les souvenirs des anciens. Au jour d’aujourd’hui, la culture paysanne est encore très vivante en Campanie, même si la terrifiante avancée du béton risque de porter à l’extinction de la figure du paysan, du fait du désintérêt quasi complet, pour ne pas dire de l’ignorance la plus totale dont font montre les nouvelles générations envers l’héritage culturel de leur passé.