Rogério FERRARI
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Qui sommes- nous, qui sont- ils? Où se trouve le photographe, et où êtes- vous qui maintenant voyez et lisez? Quelle est la distance entre celui qui fait le portrait, celui qui regarde et celui qui est représenté? Combien de centimètres séparent la réalité des kurdes de la situation de la plupart des brésiliens, des pauvres et des immigrants dans les rues du monde? La tragédie est globale, mais elle n’est pas diffuse, elle est au fond de nous, dans chaqu’un de nous, au delà de la patrie, et de la couleur de la peau. Toutes les tyrannies individuelles constituent le ferment pour des gouvernements hypocrites. Un photographe sera un voyeur, un chercheur de diamants ou pas! Un photographe ne sera qu’un esthète, un aventurier, un être attiré par ce qu’on définit comme exotique, par la tragédie sociale, «bonne source» d’images spectaculaires,ou ne le sera pas. L’esthétique, sans éthique, plus que beauté, révèlera à quel point nous sommes des vampires. Et celui qui regarde sera seulement un spectateur, complice du beau ou du tragique, ou de tous les deux, considérant combien on se trompe quand on se régale tous les jours avec des nouvelles et des images de la tragédie. La vie devient un feuilleton, étant donné qu’on ne fait que regarder, et on ne fait rien pour rompre l’inertie et pour se débarasser de l’apathie avec laquelle on s’habille tous les matins. Le Kurdistan est là-bas, et pourtant nous sommes pareils. Le gouvernement turc nie et renie le droit du peuple kurde de vivre en accord avec ses propres accords. Il y a dix mille prisonniers kurdes dans les prisons turques, des milliers de villages détruits, des milliers assassinés, les kurdes sont interdits de parler dans leur propre langue, et Istamboul continue si belle et impassible …
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