Hicham ou l'Histoire d'un Carrefour

Leonora BAUMANN


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Bruxelles, les heures de pointes, un carrefour des grands axes. Pour quelques pièces, ils jonglent entre les voitures, les feux et les klaxons. « Ils », ce sont les gens du squat, les latinos et les autres. Je les ai rencontrés en 2011. Hicham, 36 ans, d’origine marocaine, à la personnalité très sociable m’accueille sans réserve. Après plusieurs rencontres étalées sur quelques semaines, une amitié se crée. Hicham se dévoile sans complaisance et accepte ma présence dans chacune des étapes de son quotidien. Je me plonge alors en totale immersion dans un projet de portrait photographique d’Hicham avec sa communauté d’acrobates jongleurs. J’y passerai des journées et des nuits entières. Je serai le témoin privilégié d’un quotidien qui s’avère être beaucoup plus complexe et sombre que celui qu’aperçoivent les navetteurs bruxellois dans le sourire d’un instant de jonglerie. Nous sommes au carrefour d’une vie, entre l’art et le besoin, l’oisiveté et l’oppression sociale, l’être et le paraître, entre la famille et la communauté, la religion et l’exclusion. En moins d’un an, Hicham participe à l’occupation et l’aménagement d’une ancienne ambassade en squat, se fait tabasser pour une histoire de drogue, quitte le squat pour tenter d’occuper une autre ambassade à l’abandon, se fait expulser après une semaine et aboutit aux bords d’une voie ferrée dans un tipi sur le terrain vague d’une des communes les plus riches de Bruxelles. Mon projet s’inscrit donc dans l’intimité d’un homme en quête de réponses. Témoin privilégié au quotidien d’une vie en marge de la société, il s’agit pour moi d’un perpétuel questionnement sur la marginalité et l’exclusion sociale.

 


 

Brussels, and it’s rush hour at the crossroads. For spare change, the jugglers flit between cars, blinking traffic lights and blasting horns. They are the people from the squat. I met them here a year ago, a mix of Latinos, North Africans and others. Hicham is 34. Moroccan by origin, he’s sociable and welcomes me into his home. After meeting many times over the course of several weeks, a friendship develops between us. Hicham opens up and speaks freely to me, accepting my presence in his daily life. It marks the beginning of a project to document Hicham and his community of acrobatic jugglers in which I will immerse myself fully. I will spend whole days and nights here, a privileged witness to a life that, as it turns out, is much more complex and dark than it might seem to Brussels’ commuters as they watch smiling jugglers at the traffic lights. In less than a year, Hicham occupies a squat in a former embassy, gets beaten up in a drug-related incident, and leaves the squat to try to set up in another abandoned embassy. He is expelled after one week and goes to live in a teepee beside a railway line in one of Brussels’ richest neighbourhoods. My project is an intimate account of a man in search for answers in his daily struggle at the intersection of art, violence and solidarity.

Pays : Belgique
Lieu : Bruxelles

Nombre de photos : 39