DIALOGUES

Caroline FEYT

FEYT Caroline


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Cette série de photos met en lumière ceux qui, en France ont fait le pari de l’accueil, de la solidarité et du partage.
Retraités, actifs, enseignants, mère et père de famille… tous ont répondus présents quels que soient leurs moyens et leurs affinités avec le jeune, ils aident.
Gardant en mémoire cette petite phrase de Paul Valery :
« Un être seul est toujours en mauvaise compagnie »
Je me suis pour ma part, appliquée à mettre en relation à travers une succession d’images parrains-marraines-filleuls dans un jeu de face à face.
L’idée de séquence révèle les timidités de certains, les plaisirs d’échanger des recettes de cuisine pour d’autres, les joies nouvelles de pouvoir sourire de nos différences, les audaces même d’entamer un pas de danse, tout ça le temps des prises de vues, le temps d’oublier un peu les inquiétudes face à la complexité des démarches administratives et la peur de devoir affronter le refus de la préfecture…
Ainsi, avec l’aide des associations RESF et LDH qui m’ont mis en contact avec les parrains, marraines et jeunes, j’ai pu organiser les prises de vue à mon atelier dans le 18ème. C’est donc dans le studio, sur fond blanc, que les photos ont été prises. Là, nous n’y sommes ni chez l’un ni chez l’autre, ni d’aucun pays et la neutralité du fond blanc permets justement de mettre en évidence, à égalité, les postures des corps, les expressions des visages, les attitudes.
Les photos ont été faites au flash, frontal, comme on fait pour une carte d’identité. Elles se veulent être comme autant de respirations, de temps de pause qui alimentent l’idée d’un accueil, celui inévitable et nécessaire si nous ne voulons pas vivre les années à venir barricadés derrière des murs et toujours connectés à l’horreur.

Caroline Feyt


Partager…
Certes oui, il est étranger, mais l’un ne connaît pas plus l’autre,
ils sont donc étrangers à égalité.
Ils se parlent, ils échangent mots et signes, ils font connaissance à tâtons,
à petites phrases, à grands gestes, à sourires.
Regardez ces corps, ces positions, ces avancées où certains reculs,
on dirait sur ces planches que la suite des photos forment le syntagme
d’un rapprochement. On voit dans cette série d’attitudes, de gestes,
comme un nouvel alphabet.
Chaque cliché est une façon d’essayer de se comprendre, de partager.
Comme un signet.
Ces suites de photos sont l’illustration du langage de la fraternité.
Les corps comme des points d’exclamations, d’interrogations.
Ce ne sont pas des hiéroglyphes indéchiffrables.
Chacun peut décrypter le M que forme une famille en groupe,
ou le H des corps face à face cherchant à se comprendre.
L’on peut s’amuser, en regardant groupe après groupe, chercher à composer
le mot de liberté, ce ne sont pas exactement nos lettres, c’est un alphabet universel :
curiosité, intérêt, compréhension, questions, imagination, rires, complicité…
En regardant ces photos, nous pouvons tous traduire ce que veut dire
ce magnifique langage des signes: « j’essaye de partager ».
Je t’écoute pour savoir comment aider, protéger, rassurer. Je te parle
de mes doutes, de mes solitudes, de mes envies. Je te parle avec plaisir,
pour apprendre, se rencontrer et partager.
Caroline Feyt nous montre ces conversations, ces échanges,
et nous, en les contemplant, nous entendons toutes ces paroles.
Ces photos bruissent de sourires, ces photos nous parlent, ces photos s’entendent.

Romain Goupil

Pays : France

Nombre de photos : 13