CHATS LIBRES DU LAOS

Julie DELFOUR


This post is also available in: Anglais

La relation étroite unissant l’homme au chat débute au Moyen-Orient, il y a près de 10 000 ans avant J.-C. Les premiers agriculteurs nourrissent des chats sauvages pour lutter contre les rongeurs. Ces ancêtres de nos chats domestiques vont nous accompagner dans nos migrations, à la conquête du monde. Sans propriétaire et sans domicile fixe, leurs descendants tirent parti de notre présence sans jamais nous appartenir tout à fait.
La farouche indépendance des chats a rendu les liens qui nous unissent très particuliers. Notre relation n’est pas faite de domination mais de respect mutuel, de bonne intelligence et d’une sorte de pacte secret. On trouve des traces de ce pacte dans les régions les plus éloignées, quelles que soient les croyances et les pratiques religieuses.
Au Laos, le bouddhisme fait la part belle aux chats libres, les entourant d’une aura bienveillante. A l’origine, les bonzes les élevaient pour préserver les manuscrits sacrés de la dent des souris. Aujourd’hui, ils sont toujours accueillis dans les pagodes et tolérés dans les lieux publics où ils évoluent à proximité des hommes, tout en demeurant libres et indépendants. Ni tout à fait domestiques ni tout à fait sauvages, éternels vagabonds, les chats du Laos sont à tout le monde sans être à personne.

 

Le contexte
Des chats et des hommes
Le chat me fascine pour cette part de sauvage qu’il n’a jamais perdue tout à fait. C’est pourquoi je me suis rendue sur l’île de Lamu, au Kenya, où vivent de nombreux chats. De ce voyage est né un livre de photographies : Les chats de Lamu, sur les traces des premiers chats (Ulmer, 2015). Une exposition de photographies et de dessins originaux a été associée à cet ouvrage. Elle a notamment été présentée à la Cité des Sciences de Paris et au Muséum d’histoire naturelle de Toulouse.
En 2016, j’ai poursuivi ce travail sur les chats libres par un voyage au Laos. Un mois de reportage à Vientiane, la capitale, et à Luang Prabang. De longues marches en ville et en périphérie, dans les rues et dans les nombreuses pagodes, à la rencontre des habitants et des chats sur leurs lieux de vie. Ce reportage m’a permis de mettre en lumière, au sein d’une autre culture, les liens tissés entre le chat et l’homme.


_ Quand j’étais petite, je soignais les animaux blessés dans ma chambre transformée en infirmerie. Devenue auteur et artiste animalier, j’étudie depuis plus de quinze ans les liens tissés entre hommes et animaux en convoquant plusieurs disciplines : arts, littérature, sciences sociales, écologie. L’écriture et la photographie me permettent de mettre en lumière ces liens qui nous unissent aux animaux, notamment aux chats.

Julie Delfour


 

Pays : Laos

Nombre de photos : 40