Calle Habana

Georges PACHECO


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J’aime débarquer quelque part, ailleurs, sans savoir ce que je vais y chercher ou y trouver, d’un point de vue photographique. Ne rien programmer, arriver, sentir, regarder, marcher, puis me confronter à la condition humaine des hommes et des femmes de cet ailleurs. Enfin photographier librement au gré des rencontres, des stimulations, des histoires qui vous arrivent. Se laisser guider par son instinct, par sa sensibilité et parvenir à être suffisamment touché par l’autre au point d’en faire une image. Parallèlement à mes recherches en studio sur l’autoportrait de l’autre, je ressens la nécessité de me confronter à l’humain dans son milieu, dans sa vie, dans son quotidien. Et m’interroger sur ce que signifie, encore aujourd’hui, de photographier quelqu’un, quelles que soient ses origines, son histoire et sa condition sociale. Quel est donc l’enjeu véritable de l’acte photographique (le pourquoi je photographie cette personne dans telles conditions, la sienne et la mienne), à quels désirs, à quels mécanismes d’identification et de reconnaissance de l’autre nous ramène t-il ? Quels obstacles humains le photographe doit-il surmonter pour assumer et explorer sa relation avec le sujet photographié? Ce travail parle un peu de certains hommes et femmes que j’ai rencontrés ou qui ont croisé mon chemin durant ce premier séjour de 12 jours à La Havane. Il évoque des réalités sociales propres à Cuba et des vérités individuelles que l’on peut retrouver partout ailleurs. Mais il révèle surtout l’approche du photographe qui tente de parvenir, par un processus d’empathie, à faire suffisamment siennes ces conditions humaines pour arriver à en capter photographiquement l’essence. Je suis de la dimension de ce que je vois et non de la dimension de ma propre taille, écrivait Pessoa. Photographier permet peut-être de ramener à soi la condition, la dimension de l’autre. Du moins, de s’en approcher

 

Pays : Cuba
Lieu : La Havane

Nombre de photos : 30