BIDONVILLE A PARIS : ET SI C ÉTAIT LE DERNIER ?

Juliette GAY


This post is also available in: Anglais

Le dernier bidonville de Paris, Porte des Poissonniers a été évacué en novembre 2017 ; il s’agit de la quatrième évacuation en 4 ans ; Le bidonville disparaît un moment puis réapparait, comme la misère qui demeure…
Il suffit d’un ticket de métro pour retrouver aux portes de Paris des conditions de vie dignes de pays du tiers monde et revenir en 1954, année de l’appel de l’abbé Pierre, pour trouver des bidonvilles aux franges de Paris, occupés par des populations échappant à la guerre, la misère ou la dictature.

Dès 2013, j’ai suivi et accompagné des familles roms Porte d’Aubervilliers au sein du Secours Catholique ; Cet accompagnement m’a permis de connaître et gagner leur confiance, en majorité femmes et enfants qui ont accepté de poser pour moi. Je les suis aujourd’hui de manière régulière et les aident dans leurs démarches quotidiennes à Paris ou en Roumanie.

Cette exposition a été présentée à la Mairie du 18ème dans le cadre du « Festival des Solidarités » en 2017 et je mets à disposition gracieusement mes clichés à des associations ou collectif comme Romeurope, pour illustrer expositions, rencontres, festivals, rapports d’activités…
Mon intention est d’inciter à poser un autre regard sur ces populations stigmatisées ; mes clichés ne sont ni volés ni misérabilistes ; les photos sont composées avec eux et leur rendent toute leur dignité et leur force de vie.
Roms, la vie et rien d’autre
Les roms sont majoritairement installés en Roumanie et ceci, depuis le 14ème siècle ; sédentaires, ils ont été tour à tour, au gré de l’histoire, esclaves asservis dans de grandes propriétés agricoles ou les monastères. Traditionnellement, Ils ont été éleveurs de chevaux, montreurs d’ours, ont travaillé le bois, les métaux…
Malgré des conditions de vie très dures, Ils avaient encore une place sous la dictature de Ceaucescu, étant pour la plupart ouvriers dans les « kombinats », sites industriels les plus pollués, ou dans des fermes étatiques.
La chute du mur entraînant un capitalisme galopant n’a fait qu’appauvrir et marginaliser cette population, amassée en périphérie des villes ou paysans sans terre dans des villages isolés.

L’intégration de la Roumanie en Europe en 2007 avec la libre circulation leur a permis de passer les frontières pour trouver des solutions de survie ; Ce sont 15 à 20 000 personnes présentes sur notre territoire, minorité visible car vivant pour la plupart en bidonville.
En marge des villes, les familles peuvent collecter de la ferraille, mendier, fabriquer des petites maisons, se meubler, s’habiller avec ce qu’elles trouvent dans nos poubelles, se chauffer avec les palettes de bois laissés sur nos trottoirs…Les enfants sont rarement scolarisés, les problèmes de santé émergent, la précarité, les crédits à rembourser au pays contraignent certains à des actes de délinquance, des enfants sont enlevés, exploités par des mafias…

Les expulsions largement médiatisées ne font que leur donner une image de « nomades -misérables » et n’offrent aucune réponse sinon les fragiliser, les stigmatiser et anéantir tous les efforts d’intégration amorcés.
Pourtant, des collectivités, des associations, des citoyens se battent pour aider ces familles ; même si ils se retrouvent souvent démunis face à l’ampleur des problèmes, des exemples d‘intégration réussies émergent mais sont malheureusement rarement relatées.

Juliette Gay


 

Pays : France
Lieu : Paris

Nombre de photos : 800