Gwendoline a 15 ans. Elle voulait ressembler à Blanche Neige, mais sa mère a refusé qu’elle se teigne en brune. Depuis, elle a changé d’icône : elle se fait appeler “Barbie” et copie le style mi-enfantin mi-sexuel de la poupée blonde…Toute la semaine, elle “tchate” avec Charlotte ou Alice qu’ elle retrouve le samedi à Paris, près des boutiques de fringues gothiques. Là, quand ils ne sont pas délogés par les riverains qui les trouvent bruyants, ils passent l’après midi à se cajoler, “tenir les murs”, se recoiffer et se remaquiller dans le miroir du Quick voisin… Barbie, Bitch, Nikita et les autres se réclament du mouvement “Emo” : Emotional Hardcore. Le mouvement Emo est un style musical, un look vestimentaire, qui vient des Etats-Unis et apparaît aujourd’hui dans les collèges français. Il brouille les repères classiques de l’identité sexuelle et prône le règne des émotions exacerbées. Ces adolescents ont leurs rituels : les animations de blogs, l’élection des “famous”, le déclassement des “fake” dessinent un groupe fortement hierarchié, dont les règles échappent à leurs parents, souvent un peu dépassés.