Ames tunisiennes

Christophe CHAMMARTIN


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Traduction du texte arabe de Najeh ben Saad :
Nous voilà  dans cette pièce, le vieux décor s’est transformé au fil des générations. Nous voilà  ancrés entre ces murs épais. Combien de fois n’avons-nous pas décidé de les détruire. Mais voilà que 29 d’entre nous ont déjà passé par là. Ils y ont dormi, rêvé, c’est pour cela qu’ils sont revenus. Et ils reviendront plus nombreux pour se reposer entre ces murs. Elevés sur du sang et des larmes.

Ames tunisiennes.
Le ciel d’écriture s’est abattu sur la Tunisie. Les femmes ont levé la tête, les enfants ont ri, les hommes ont regardé droit devant. A la question du photographe qui pointait son objectif chacun et chacune a cherché une réponse. Les vieillards n’ont pas bougé, certains de la connaître déjà. Quelques secondes après ils étaient de nouveau là, installés dans leur boutique, appuyés au mur solide de leur maison. De l’autre côté, offrant leur nudité, les jeunes garçons ont feint l’arrogance. Que faire de ce pays où la première route de sable conduit au désert, et la deuxième, goudronnée, conduit à  l’exil? A la veille d’un départ, Najeh Ben Saad, Tunisien vivant en Suisse a proposé de servir de guide ou plutôt de passeur, de scribe au photographe Christophe Chammartin. Ensemble, ils ont empruntés des chemins que l’un voyait au présent, et que l’autre chargeait de son propre passé, faisant déborder sur le cadre photographique sa pensée.

 


 

 

Alma tunecina
El cielo en escritos cayó sobre Túnez. Las mujeres levantaron la cabeza, los niños se rieron, los hombres miraron hacia adelante. A la pregunta del fotógrafo con su lente, cada cual buscó una respuesta. Los viejos no se movieron, seguros que ya la conocían. Algunos segundos después, allí estaban nuevamente, instalados en sus tiendas, parados contra la pared de sus casas. Del otro lado, ofreciendo su desnudez, los jóvenes fingían la arrogancia. ¿Qué hacer de este país donde el primer camino, de arena, conduce al desierto y el segundo, de asfalto, al exilio? En vísperas de una partida, Najeh benn Saad, tunecino viviendo en Suiza, propuso de ser guía o más bien pasador, escriba, del fotógrafo Christophe Chammartin. Juntos, tomaron los caminos que uno veía al presente, y que el otro, cargaba en su propio pasado, haciendo desbordar su pensamiento sobre el cuadro fotográfico. 

 


 

 

Tunisian souls
A �writing sky� has fallen on Tunisia. Women looked up, children laughed, men looked straight forward. In response to the photographers question who was directing his lens, everyone searched for an answer. The older men didn’t move, sure to know it already. A few seconds later, they were back in their shops, leaning against the heavy walls of their house. On the other side, offering their nudity (naivety?), the young boys pretended arrogance. What can we do with this country where the first road of sand is going to the desert and the second, a paved one, leads to exile? Just before leaving, Najeh Ben Saad, a Tunisian living in Switzerland offered to be the guide, or rather the �illegal accommodator� to the photographer Christophe Chammartin. Together they took paths, one of whom was discovering in the present time and the other through his own past, overwhelming the photographic imagery with his thought.

Pays : Tunisie

Nombre de photos : 8