ROMAN VISHNIAC


ROMAN VISHNIAC



This post is also available in: Anglais

Introduction de Maya BentonRoman Vishniac (1897-1990) a longtemps figuré dans l’histoire de la photographie comme l’auteur d’un travail documentaire exceptionnel sur les communautés juives d’Europe de l’Est, avant la Shoah. De 1935 à 1938, il parcourt sans relâche les ghettos et les villages de Pologne, de Lettonie, de Lituanie, de Tchécoslovaquie et de Roumanie, et enregistre – dans des conditions extrêmement difficiles – les rites et les modes de vie traditionnels de ces populations, comme si, tel un visionnaire, il devinait le péril majeur que la montée du nazisme leur faisait courir. “Je sentais que ce monde allait être happé par l’ombre démente du nazisme et qu’il en résulterait l’anéantissement d’un peuple”, se souvient-il. En 1984, la parution du livre Un monde disparu, préfacé par Elie Wiesel, révèle au grand public ce témoignage unique et bouleversant.Grâce aux efforts et recherches conjoints de Mara Vishniac Kohn, sa fille, de Maya Benton et de l’International Center of Photography, on redécouvre aujourd’hui l’œuvre et la biographie extraordinaire de cette personnalité aux multiples talents. Né en Russie, où il poursuit de brillantes études de biologie et de zoologie, Roman Vishniac aura à connaître plusieurs fois l’exil pour échapper aux persécutions antisémites. Ainsi, en 1920, il doit quitter Moscou pour s’installer à Berlin où, influencé par le courant moderniste, il développe et approfondit sa pratique accomplie de la photographie de rue tout en documentant, en dépit des restrictions imposées aux photographes juifs, la progression des mesures discriminatoires et antisémites qui rythment l’établissement du Troisième Reich. À la fin de l’année 1940, après avoir été arrêté et interné pendant quelques mois en France, il part pour New York avec sa famille, où il ouvre un studio de portrait et multiplie, sans succès, les démarches afin d’alerter les autorités sur le sort funeste réservé aux populations juives d’Europe. Il devient citoyen américain en 1946, et effectue plusieurs reportages dans l’Europe de l’immédiat après-guerre. En 1955, ses photographies font partie de la fameuse exposition “Family of Man” créée par Edward Steichen.
 Son activité de photographe se double d’une carrière scientifique de premier plan. En homme de grande érudition, et grâce à ses recherches et enseignements en biologie et entomologie, il est amené à établir des avancées décisives dans la technique de la photomicrographie qui utilise le microscope pour capter les formes vives de l’infiniment petit.Maya Benton est la conservatrice des Archives Roman Vishniac à l’International Center of Photography, à New York.


Editeur : ACTES SUD
Année de parution : 2014