PAOLO PELLEGRIN


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Quand je travaille, que je suis donc exposé à la souffrance des autres, à leurs pertes, parfois à leur mort, j’ai le sentiment de servir de témoin. Je sens que mon rôle – ma responsabilité – est de créer une archive de notre mémoire collective. Je crois que ceci est dû en partie à un sentiment de responsabilité. Peut-être qu’on ne s’apercevra de l’existence de ces gens que dans leur instant de souffrance et que cet instant invalidera notre excuse. Nous ne pourrons pas dire un jour : nous ne savions pas. Je sens aussi que dans cet espace si délicat et si fragile qui encercle la mort, espace dans lequel j’ai, parfois en même temps, le privilège et le malheur d’entrer, il existe la possibilité d’une rencontre avec l’autre qui dépasse, d’une certaine façon, les mots, les cultures, les différences. Pendant un instant on est nu les uns devant les autres, nus face à l’acte et au mystère de la mort. A cet instant, je sens que je regarde quelque chose que je ne peux tout à fait voir, mais qui me regarde. C’est dans cet échange que l’on peut éprouver ce qui est à la fois universel et profondément intime. Dans la mort de l’autre, il y a une perte qui nous appartient à tous.
Paolo Pellegrin
Texte extrait de l’ouvrage “Alors que je mourais”,
Actes Sud, 2007
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